[Critique] 1991: grand voyage, petite comédie

Elles ne sont pas ennuyeuses ces péripéties italiennes du Ricardo étudiant en scénarisation, mais il faut bien admettre que la recette, formatée et consensuelle, donne une nette l’impression de déjà vu, en plus de n’être qu’assez rarement drôle.

Jean-Carl Boucher dans 1991 de Ricardo Trogi (il tient un bouquet sur le quai de la gare)

Jean-Carl Boucher dans 1991 de Ricardo Trogi

Ricardo Trogi, le personnage, a-t-il encore des choses à nous dire? C’est la question qui se pose en sortant de la projection de presse de ce troisième – et, souhaitons-le, dernier – volet de la vie romancée du cinéaste. Non pas que 1991 soit raté ni que ses péripéties manquent de charme, au contraire. Mais reconnaissons qu’il y avait entre 1981 et 1987, un cheminement personnel, un passage de l’enfance à l’âge adulte qui était intéressant à suivre. Un processus de construction d’une mentalité, d’une prise de conscience, que l’on ne retrouve que très sommairement ici puisque seulement quatre ans séparent 1991 de 1987. Le personnage ne propose donc aucun changement radical de comportement ou de personnalité. On a même parfois le sentiment qu’il n’a pas du tout évolué, d’où la nette impression de déjà vu qui se dégage dès les premières minutes. Une autre différence importante par rapport aux deux épisodes épisodes tient dans des saynètes de valeur inégale qui semblent avoir perdu le côté organique de leurs enchaînements. Des épisodes pratiquement indépendants les uns des autres qui pourraient très bien s’imaginer en format court métrage.

Trogi s’est encore une fois donné le beau rôle. Il est le jeune Québécois pas méchant pour un sou qui découvre le monde avec la candeur de quelqu’un qui n’a jamais vu autre chose que son pays. Un peu niaiseux, à peine sorti de l’adolescence, Ricardo-Jean-Carl n’est pas trop concerné par le sort des autres. Il restera aveugle face l’amour que lui porte sincèrement une étudiante grecque, ne s’étonnera guère des différences sociales, pas plus qu’il ne s’attardera sur ses amis d’infortune, des gitans squattant la gare de Pérouse. Sa rencontre avec Arturo, itinérant sans frontières, sera cependant porteuse d’un message plus intéressant sur la liberté, l’anticonformisme et la nécessité de vivre sa jeunesse tant qu’elle passe. Au milieu de tout ça, une romance fantasmée sans grande conviction, en noir et blanc façon Dolce vita comme il se doit.

Les péripéties se succèdent à vive allure. On suit à la trace le grand voyageur par le biais d’infographies rigolotes (très proches de celles du Guibord de Philippe Falardeau). On replonge dans nos souvenirs avec des tounes populaires de l’époque. On a bien sûr les célèbres monologues de Sandrine Bisson, Maman plus survoltée et insupportable que jamais. Et on rit (parfois) de la voix off tonitruante qui fleure bon le one-liner tant prisé par notre cinéma estival. Ça sent un peu le produit sortant de la chaîne de montage. Sauf que, sans qu’on s’y attende, un running gag concernant le penchant du père pour la sainte bouteille vient mettre son grain de sel (« je ne suis pas alcoolique, je suis italien! »). Une vraie bonne surprise comique qui nous fait amèrement regretter qu’elle soit si esseulée dans ce voyage pas très initiatique formaté et consensuel, ni ennuyeux ni très passionnant.  Note : 2,5 / 5

Mots clés

Les notes :

★★★★★ Excellent
★★★★ Très bon
★★★ Bon
★★ Moyen
Mauvais

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