[Critique] Le coeur de Madame Sabali

Offrant un regard tendrement décalé sur l’acceptation de la différence. Le cœur de Madame Sabali repose sur une intrigue prometteuse mais insuffisamment traitée.

Youssef Camara et Marie Brassard dans le coeur de Madame Sabali (2015, Ryan McKenna - K-Films Amérique)

Youssef Camara et Marie Brassard dans le coeur de Madame Sabali (2015, Ryan McKenna РK-Films Am̩rique)

Belle idée de départ que de celle de Le cœur de Madame Sabali et transplantation d’un cœur malien dans la poitrine de Jeannette, une québécoise pure laine. Une prémisse intéressante qui utilise la théorie de la mémoire cellulaire pour « transplanter » une vie morne et bien rangée dans un univers autrement plus mystérieux et exotique pour parvenir à faire de cette improbable conjugaison un choc des cultures pour le moins inattendu. Une promesse originale et inventive donc d’autant qu’elle est enveloppée dans une direction artistique rétro-kitsch aux couleurs acidulées et menée brillamment par une Marie Brassard aux airs hébétés, parfaits pour le rôle. Avec ce cœur tout neuf, elle retrouve la vie et permet à l’autre d’évoluer en elle. Du même coup, elle se retrouve sans s’y attendre dans la peau d’une mère comblée d’amour par un fils et rejoint une seconde famille qui l’accueille à bras ouverts. Ode surannée à l’acceptation de l’autre, Le cœur de Madame Sabali délivre un modeste message de tolérance et offre un regard tendrement décalé sur l’acceptation de la différence, ce qui par les temps moroses que nous vivons, est plutôt rafraichissant.

Pour devenir un beau « petit » film, il aurait fallu cependant que le sujet soit un peu mieux défini et que son exploitation soit un peu plus resserrée, ce qui est loin d’être le cas ici hélas. Ryan McKenna part dans plusieurs directions  (l’amour incestueux, l’histoire criminelle entourant la mort de la donneuse, entre autres), ébauche des personnages secondaires sans leur laisser la chance de s’épanouir et, au final ne sait jamais vraiment quoi faire avec son sujet principal, très limité en outre par la très courte durée du film. Par chance, Le cœur de Madame Sabali possède quelques jolies scènes colorées et parvient même à un petit état de grâce lors des trois clips musicaux d’Amadou et Mariam, dont on sent toutefois qu’ils ont été insérés tant bien que mal.

Le coeur de Madame Sabali – Québec, 2015, 1h18 – une québécoise pure laine en mal d’amour reçoit le coeur d’une donneuse malienne. Elle se retrouve rapidement avec un fils et une famille totalement étrangers – Avec: Marie Brassard, Francis LaHaye, Youssef Camara – Scénario: et Réalisation: Ryan McKenna – Production: Voyelles Films – Distribution: K-Films Amérique

Ma note: 

Les notes :

★★★★★ Excellent
★★★★ Très bon
★★★ Bon
★★ Moyen
Mauvais

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