[Critique] Le coq de St-Victor ménage la chèvre et le chou

Fable rurale mélangeant les rythmes et les tons, Le coq de St-Victor est un produit hybride haut en couleurs mais dont le scénario s’avère assez mal ciblé.

Le maire de St-Victor (Le coq de St-Victor, Pierre Greco - ©Productions 10e ave)

Le maire de St-Victor (Le coq de St-Victor, Pierre Greco – ©Productions 10e ave)

Si le dessin du Coq de St-Victor, seconde production d’envergure pour la compagnie Productions 10e Ave de Saint-Augustin-de-Desmaures, est plus coloré que ne l’était celui de la précédente (La légende de Sarila), le scénario tantôt échevelé, tantôt trainant en longueur, a bien du mal à trouver ses marques.

Transposé de l’Italie à la région de Charlevoix, l’adaptation de Johanne Mercier nous propose une histoire de petit paradis campagnard caractérisé par le réveil matinal (le coq de quatre heures), le dur labeur (le pain est frais et les rues sans nids de poule) et la vie en autarcie (pas de concurrence, pas d’ouverture, pas de soucis). Bref, une gentille histoire d’un Québec profond évoluant dans la réclusion la plus totale, mais qui, à cause d’un âne débonnaire et faussement porte-bonheur se retrouvera sens dessus dessous.

Le côté « cartoonesque » cher au réalisateur Pierre Greco côtoie l’aspect plus sérieux de l’histoire et le ton un tantinet moralisateur de l’ensemble. Cette fable rurale située au début du siècle dernier (malgré l’église, on ne voit pas de curé !) parvient à restituer une sympathique bonasserie des habitants tout en se servant de quelques paraboles actuelles pour nourrir son sujet, comme la concurrence commerciale ou le développement économique des régions. Malheureusement, le mélange des rythmes (le film est très lent dans sa première moitié, plus échevelé vers la fin) et des tons, et la volonté de ratisser large, font de ce Coq de St-Victor un déroutant amalgame qui ne semble ne pas trop savoir à qui il s’adresse.

Pour les petits, le manque d’humour et de charisme des personnages (malgré des voix plutôt rigolotes) ne rendront pas la tâche facile à un scénario trop peu débridé, tandis que les ados risquent fort de regretter un relatif manque d’action. Les parents, quant à eux, s’étonneront peut-être de la fausse piste de l’histoire d’amour qui n’apporte rien, et d’une finale à la morale de type « chacun chez soi ». Voilà donc un produit, certes satisfaisant sur le plan visuel, mais qui reste une énigme quant à son auditoire cible.

Le coq de St-Victor – animation jeunesse – Québec, 2013, 1h20 – un petit village prospère sombre dans le farniente après avoir échangé son coq-réveil matin contre un âne supposé leur apporter le bonheur – Voix: Guy Jodoin, Gaston Lepage, Anne Dorval, Guy Nadon – Scénario: Johanne Mercier et Pierre Greco – Réalisation: Pierre Greco – Production: Productions 10e Ave – Distribution: Équinoxe Films

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★★★ Bon
★★ Moyen
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