[Critique] Rouge sang: machiavel en jupons

Le cinéma de genre à la cote au Québec. Dans Rouge sang de Martin Doepner, c’est un pan de l’histoire du Québec qui refait surface. Envahisseur d’un côté, opprimé de l’autre. Un bain de sang au milieu.

Rouge sang de Martin Doepner - Jonah Nimijean, Vincent Leclerc
1799, le Québec est occupé par l’ennemi anglais. Une jeune mère de famille, dont le mari est temporairement absent, fait face à l’invasion subite de son logis par cinq soldats cherchant refuge pour se protéger d’une tempête hivernale tenace. Elle se nomme symboliquement Espérance et finit par incarner toute la résistance des Patriotes opprimés. Par son courage, Espérance compte bien protéger les siens de toute agression externe. Mais est-ce vraiment l’ennemi qui constitue la plus grande menace ou l’aveuglement de la jeune femme face à ce qu’elle imagine de ces inconnus belliqueux? C’est sur cette interrogation limitée que repose l’intrigue de Rouge sang.

Plongé dans un contexte historique habilement reconstruit, ce huis clos tendu laisse assez vite passer le drame d’époque (et tous les enjeux que cela suppose) pour devenir un pur suspense d’horreur. Ici, ce ne sont pas les effets sanguinolents qui priment mais bien l’établissement d’un rapport de force entre ceux que l’on croit bons et ceux que l’on croit méchants. Si cette teinte particulière a des chances de dérouter les fans de films d’horreur pure, elle donnera sans doute aussi du fil à retordre aux amateurs de films historiques.

Au crédit de Rouge sang, notons l’utilisation fort à propos de l’espace limité des lieux pour chorégraphier les mouvements d’approche des envahisseurs et la montée progressive de leurs empressements au fur et à mesure que leur consommation d’alcool augmente. Mais sont-ils vraiment autre chose que de vulgaires soldats éméchés? La question est bien vite éludée par les auteurs qui nous précipitent tête baissée dans un tourbillon d’horreur long à démarrer mais dont les événements finissent par s’enchaîner avec précipitation.

Les comédiens habitent leurs personnages de manière convaincante, notamment Isabelle Guérard que l’on avait remarquée dans Détour de Sylvain Guy et qui obtient ici un premier rôle qu’elle endosse comme une battante. Malgré ses raccourcis et ses imperfections, Rouge sang est un film de genre dont l’originalité satisfait.

Rouge sang – Québec, 2012, 1h30 – 1799, le Québec est occupé par l’ennemi anglais. Une jeune mère de famille, dont le mari est temporairement absent, fait face à l’invasion subite de son logis par cinq soldats cherchant refuge – Avec: Isabelle Guérard, Peter Miller, Lothaire Bluteau – Production: Claudio Luca, Alessandro Luca – Scénario: Joseph Antaki, Martin Doepner, Jean Tourangeau – Réalisation: Martin Doepner – Distribution: Central

Ma note: 

Les notes :

★★★★★ Excellent
★★★★ Très bon
★★★ Bon
★★ Moyen
Mauvais

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