[Critique] Starbuck: joyeuse paternité

Voilà une bien bonne comédie populaire et alerte. Un feel-good movie qui porte un regard attendri sur l’homme québécois en quête de reconstruction.

Starbuck de Ken Scott: Patrick Huard côtoie enfin sa progéniture

Starbuck de Ken Scott: Patrick Huard côtoie enfin sa progéniture – ©Films Séville

Il y a deux ans, Les doigts croches nous donnait un aperçu des talents de réalisateur de Ken Scott. Avec Starbuck, qu’il a coscénarisé avec Martin Petit, il confirme son sens de la narration et nous livre un film aux dialogues ciselés, aux personnages attachants et drôles qui rendent vraie une histoire d’une naïveté et d’une insouciance contagieuse.

Tout est bien qui finit bien dans cette comédie alerte et enjouée qui redore l’image de l’homme québécois. Starbuck peut à certains titres marquer un changement dans la représentation du mâle de chez nous, qui, même s’il a conservé certains traits adolescents, semble vouloir se prendre en main. Après la crise existentielle du trentenaire tel que dépeint par la nouvelle vague québécoise du début des années 2000, nous voici 10 ans plus tard avec l’homme désormais dans la quarantaine, qui a bel et bien décidé de pactiser avec son passé et d’en assumer les conséquences. Starbuck montre l’évolution de l’enfant (tel que vu dans des films comme Un crabe dans la tête, Québec-Montréal ou plus récemment Les 3 pt’its cochons ) vers l’homme qui a gagné en maturité.

Après avoir refusé d’avouer et de s’avouer à lui-même qu’il est bel et bien le géniteur de tant d’enfants, David Wosniak choisit de tout de même de les rencontrer. Pris au jeu, il se fait un point d’honneur de les aider et de les suivre dans leur cheminement parfois chaotique. Le film passe alors diverses facettes de la paternité en revue, et il le fait de façon plutôt réussie. Certes, pour pleinement apprécier Starbuck, il faut savoir conjuguer avec les bons sentiments et les nombreux happy ends qui concluent les parcours individuels (le serveur tanné qui se trouve l’emploi de rêve, le footballeur à succès, la droguée qui se reprend en charge après quelques conseils, la demande en mariage finale, etc.). En dehors de ce petit bémol, le grand avantage de ce scénario tout de même adroit est de est de nous faire croire à cette histoire plutôt inusitée et – à prime abord – parfaitement invraisemblable.

Outre son scénario truffé de bons moments, la distribution constitue l’autre point fort de Starbuck. Les rôles principaux sont campés avec talent, à commencer par Patrick Huard qui nous livre ici l’une de ses meilleures prestations en carrière. Antoine Bertrand parfait dans la peau d’un notaire et père mono-parental minable et Igor Ovadis (Cosmos, Minuit le soir), dans le rôle du père aimant et attentif, sont aussi impeccables. Notons au passage les seconds rôles, très efficacement tenus par de jeunes acteurs de la relève. Scott s’avère être un excellent directeur d’acteurs.

En résumé

Avec Starbuck, Ken Scott démontre qu’en plus d’être un très bon scénariste il est un excellent réalisateur. Son second film arbore fièrement sa naïveté et sa bonhomie et constitue une belle surprise dans la cinématographie commerciale québécoise, plutôt morose cette année avouons-le. La comédie de l’été qui fera un carton au box-office à n’en pas douter.

Starbuck – Québec, 2011, 1h47 – Tout juste au moment où David Wosniak apprend que sa blonde Valérie est enceinte, cet éternel adolescent de 42 ans découvre qu’il est le géniteur de 533 enfants – Avec: Patrick Huard, Julie Lebreton, Antoine Bertrand – Scénario: Ken Scott, Martin Petit – Réalisation: Ken Scott – Production: André Rouleau (Caramel Films) – Distribution: Les Films Christal

Ma note: 

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★★★ Bon
★★ Moyen
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