[Critique] Gerry d’Alain Desrochers: avec modération

C’est surtout dans le jeu de Mario Saint-Amand que le film puise sa force. Mais rendre un hommage à une si grande personnalité aurait nécéssité un peu plus de risques

Mario Saint-Amand et Éric Bruneau dans Gerry d'Alain DesRochers

Mario Saint-Amand et Éric Bruneau dans Gerry d’Alain DesRochers

Hommage oblige, on marche sur des oeufs. La première chose qui frappe dans Gerry, c’est l’effort appliqué et minutieux qui a été déployer pour rendre la plus vraie possible la vie du rocker Gerry Boulet. Coller au plus près à la chronologie de la vie de son sujet semble bien avoir été le maître mot, comme dans toute bonne biographie de télé qui se respecte. Même si quelques événements ont été replacés pour les besoins de la cause cinématographique, ce qui provoquera sûrement les remarques de certains inconditionnels, la quasi totalité du film respecte la vie de la star, ou à tout le moins, se conforme à l’idéalisation du portrait que l’on voudrait bien accoler à celui qui fut l’idole de milliers de fans.

Outre la narration chronologique, émaillée de quelques flashbacks explicatifs, les choix judicieux du casting (composé d’acteurs pour la plupart assez peu connus) viennent renforcer cette sensation de véracité et de crédibilité. Trônant au sommet de l’art du mimétisme, Mario St-Amand est criant de vérité et accapare le personnage avec force et détermination. Il signe sans nul doute un rôle marquant dans sa carrière.

Mais il y a un réel revers de la médaille… Gerry reste avant tout un film lisse et impeccable auquel on peut reprocher une prise de risque réduite à son minimum. Sans doute par peur de heurter les ayants-droits, mais aussi les très nombreux fans qui attendent le film de pied ferme (et ainsi risquer de le faire sortir de la voie du méga-succès populaire). On peut ainsi regretter que la plupart des personnages restent en surface, sans véritable exploration psychologique ni cheminement.

Avec son sens de la mesure qui nous livre un peu de mélodrame, un peu de rires, une scène osée (mais pratiquement pas de drogue bizarrement), Gerry, fait preuve de retenu et de modération. Un biopic bien sage qui tente de donner une image lisse et belle de l’artiste et qui du même coup s’assure un passage à la télévision aux heures de grande écoute.

Alain DesRochers s’en sort relativement mieux que les autres biopics québécois récents (L’enfant prodige et Piché). Gerry est un film commercial de qualité (comprenez un produit bien fabriqué), mais qui ne révèle aucun coup de génie, bien que quelques scènes sortent du lot (le party psychédélique et le concert à l’Oratoire notamment). En ce sens, Gerry plaira sans aucun doute à un très large public, composé aussi bien de fans irréductibles que de spectateurs moins avertis. On s’attendait malgré tout à un peu plus d’audace pour rendre hommage au légendaire rocker québécois.

Gerry – Québec, 2011, 2h12 – La vie et l’oeuvre du légendaire rocker québécois Gérald « Gerry » Boulet – Avec: Mario Saint-Amand, Capucine Delaby – Scénario: Nathalie Petrowski – Réalisation: Alain DesRochers – Production: Christian Larouche – Distribution: Films Christal

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