Valse à trois – Film de Fernand Rivard

« Une histoire de femmes, d’amour et de solitude aussi… » disait la publicité.

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Ian Ireland et Karin Schubert dans une scène du film « Valse à trois » de Fernand Rivard (image promotionnelle fournie aux médias à l’occasion de la sortie en salle)

Produit par des investisseurs privés de Trois-Rivières et Montréal, Valse à trois est un mélodrame québécois réalisé par Fernand Rivard, qui signait là son premier et seul long métrage de fiction en carrière. Comme son titre le laisse à penser, le film tourne autour d’un triangle amoureux classique, en mettant cependant l’accent sur l’étrange relation qui unit une mère de famille trompée et la très jeune maîtresse de son mari. Il s’agit d’une adaptation du roman « Les oranges d’Israël » paru au Cercle du livre de France, qui avait obtenu le prix Jean-Réraud-Molson en 1972. Adaptation libre cependant, puisque l’auteure de l’oeuvre originale, la Québécoise Michèle Guérin, s’est dissociée du projet, considérant qu’il ne respectait pas l’esprit de son roman [1]. En conséquence, le film perdit son titre de travail (Les oranges d’Israël) avant d’être présenté au public sous le titre Valse à trois.

Tourné à l’été et à l’automne 1973 à Trois-Rivières, ce film que son cinéaste vantait comme « nettement érotique mais très poétique » [2] est emblématique des balbutiements de la production commerciale québécoise indépendante des années 1970. Le film s’appuie sur une distribution hétéroclite, mettant en vedette l’Allemande Karin Schubert dans le rôle d’une bourgeoise incapable de retenir son mari. L’actrice, révélée trois ans auparavant dans La folie des grandeurs de Gérard Oury, était doublée par Diane Arcand [3]. Ian Ireland, « troisième plus bel homme du Canada », connu pour sa participation au téléroman « Mont-Joye », prête ses traits au mari volage, tandis que le journaliste, animateur et futur sénateur Laurier Lapierre incarne un ami de la famille. La troisième vedette du trio, Paule Bélanger, avait été la doublure lumière de Geneviève Bujold lors du tournage de Kamouraska.

Présenté au marché du film de Cannes en mai 1974, le film de Rivard aurait été vendu dans 16 pays [4]. Ce qui ne l’a pas empêché de se faire démolir par la critique à sa sortie en salle à la fin du mois d’octobre 1974, et de quitter l’affiche après une petite semaine d’exclusivité [5].

Valse à trois porte aussi le titre Valse à 3…, tandis qu’en France, il se nomme Valse à trois temps.

Références

[1] Le Nouvelliste, 3 novembre 1973, p. 18 – [2] Le Nouvelliste, jeudi 19 juillet 1973, p.30 – [3] Selon certaines sources, Schubert aurait été suggérée par les distributeurs européens dans le but d’assurer une meilleure diffusion du film Outre-Atlantique – [4] Claude Daigneault, Le Soleil, 15 octobre 1974, p. F2 – [5] André Leroux, Le Devoir, 9 novembre 1974, p. 20

À propos du réalisateur

Âgé de 47 ans au moment du tournage, le trifluvien Fernand Rivard n’était pas un inconnu dans le milieu du cinéma québécois puisqu’il s’était impliqué depuis 25 ans déjà dans la réalisation de courts films éducatifs et documentaires, au sein de divers organismes tels que l’Office de publicité du Québec ou le service de Ciné-Photographie du Québec, qui deviendra par la suite l’Office du film du Québec. En matière de fiction, Fernand Rivard avait oeuvré à la production des films La mort d’un bûcheron et de Gilles Carle et Kamouraska de Claude Jutra. En 1962, il avait remporté le premier prix du film pour enfants au Canadian Film Awards. Valse à trois semble être sa dernière expérience derrière une caméra.

Ian Ireland et Karin Schubert dans une scène d'amour extraite du film "Valse à trois" de Fernand Rivard (image promotionnelle fournie aux médias à l'occasion de la sortie en salle)
Ian Ireland et Karin Schubert dans une scène d’amour extraite du film « Valse à trois » de Fernand Rivard (image promotionnelle fournie aux médias à l’occasion de la sortie en salle)

Trame sonore

Signalons aussi que la trame sonore a été composée par Marc Hamilton et le Français Gérard Manset, alors très en vogue grâce à des titres comme « Animal on est mal », « Il voyage en solitaire » ou « Chimène ». Le 45 tours porte la référence TRANS-CANADA TC 4154. Face A: « Valse à trois temps » (Hamilton / Manset) – Face B: « Frissons » (Chabanel / Hamilton / Manset)

Critiques d’époque

C’est pompier. Il n’y a pas d’autres termes. A mort. Les personnages ont des personnalités tout à fait inconsistantes qui ne parviennent pas à s’imposer dans l’esprit du spectateur Le fait que Karin Schubert promène son éternelle croix entre ses deux jolies seins et que Ian Ireland répète son petit numéro d’homme ivre qu’il avait présente au « gala du plus bel homme » ne leur donne pas pour autant « une âme ». (Claude Daigneault, Le Soleil, 2 novembre 1974, p.D4)


Ce qui caractérise avant tout Valse à Trois, c’est la naïveté avec laquelle Rivard croit pouvoir dire des choses intangibles de façon elliptique, imprécise et évasive. Il cherche à suggérer l’instabilité des rapports amoureux en ne s’appuyant que sur une mise en scène peu évocatrice et peu lyrique. Il s’apparente à ces cinéastes qui n’en disent jamais assez par peur de trop en dire ou de tomber dans les pièges du mélodrame feuilletonnesque. (André Leroux, Le Devoir, 9 novembre 1974, p. 20)


Le livre décrivait avec beaucoup de justesse et de subtilité la lutte cynique, camouflée, mais toujours intérieurement violente, d’une femme contre la maîtresse de son mari. Le film fait de l’épouse un ange de compréhension… Tout est foutu. Il ne reste plus qu’une succession de scènes fadasses ponctuées de dialogues d’une platitude ruedespignonienne. (René Lord, Le Nouvelliste, 5 novembre 1974, p.15)

Résumé

Paul, biochimiste à la vie rangée, rencontre une très jeune autostoppeuse nommée Hélène. Elle incarne la bohème, l'amour et la fantaisie... tout ce qu'il a perdu après s'être marié treize ans plus tôt à Claire, une belle blonde bourgeoise et sophistiquée. Paul et Hélène deviennent amants. Il l'installe dans une petite chambre d'un motel miteux. Évidemment, cela arrive aux oreilles de Claire. Et comble du malheur, elle découvre également qu'Hélène est enceinte de son mari. Voulant éviter le scandale, mais aussi parce qu'elle a eu des enfants et qu'elle réalise qu'Hélène ne pourra pas décemment prendre soin du sien dans cette chambre misérable, elle l'invite à venir s'installer à la maison. Nait entre les deux femmes une relation complexe, entre fascination et répulsion.

©Charles-Henri Ramond

Distribution

Ian Ireland (Paul), Karin Schubert (Claire), Paule Bélanger (Hélène Poirier), Laurier Lapierre (André), Julien Bessette, Edmond Poirier (le vieillard). Non crédités: Michel Maillot, Normand Messier, Robert Tremblay, Pierre Verrette

Fiche technique

Genre: mélodrame - Origine: Québec, 1974 - Durée: 1h30 - Images: Super 16mm [35mm], couleurs, ratio 1.66:1 - Langue V.O.: Français - Visa: 13 ans et plus - Première: 31 octobre 1974 - Sortie en salles: 1 novembre 1974 sur un écran à Montréal (Rivoli) - Tournage: du 16 juillet au 31 octobre 1973, à Trois-Rivières (tournage interrompu) - Coût: 283 000 dollars

Réalisation: Fernand Rivard - Scénario: Jean Raymond Boudou, Andréanne Foucault, Ian Ireland, Fernand Rivard d'après le roman "Les oranges d'Israël" de Michèle Guérin - Production: Victor Lallouz, Fernand Rivard - Producteurs exécutifs: Alain Benicy, Guy Poirier, Léon Cadieux - Sociétés de production: Les entreprises audio-visuelles Média Sept, Victor Lallouz Productions - Distribution: Faroun Films

Équipe technique - Montage images: Louise Côté – Musique: Marc Hamilton, Gérard Manset - Photographie: Claude La Rue - Prise de son: Marcel Delambre, Patrick Rousseau

Infos DVD/VOD

Valse à trois n'a été édité ni en VHS ni en DVD.

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