En général, et bien souvent dans le cas de la comédie, l’importance et la renommée de la distribution ne sont pas forcément les garants d’une œuvre de haute qualité. La preuve est faite avec ce Y’a pas d’mal à se faire du bien qui réunissait le gratin des bottins d’artistes français tels que Jean Lefebvre, Michel Galabru, Daniel Ceccaldi, Darry Cowl ou encore Christine Fabrega. Les spectateurs québécois n’étaient pas en reste avec la présence de nombreuses vedettes du petit et du grand écran, tel que Danielle Ouimet, René Caron ou même Réal Béland et Paul Berval.
Connue dans l’Hexagone sous le titre C’est jeune et ça sait tout, cette comédie grivoise nous réchauffe un scénario peu original, composé de plusieurs idées prises à droite à gauche. On y retrouve des allusions à Deux femmes en or (la banlieue triste, les femmes au foyer qui s’offrent au premier venu), on y découvre aussi un clin d’oeil au Triporteur de Darry Cowl, qui tient ici le rôle d’un livreur de dépanneur harcelé par la gent féminine.
Pour le reste, cette insipide comédie de fesses s’inspire évidemment de la libération des mœurs en vogue dans les années 70, et se moque allègrement de la police (Galabru, un flic de la brigade de la moralité qui pratique l’échangisme), de la religion (les prostituées déguisées en innocentes Jeannettes dans la scène finale), des Français (tous équipés d’une Renault 15 orange ou bleue) et des hommes d’affaires. En outre, et comme dans la majorité de ces productions faussement licencieuses, le film offre une conclusion tout ce qu’il y a de plus recommandable en évoquant le retour au couple hétérosexuel attaché aux valeurs de la fidélité conjugale. Rien de bien mordant en somme.
Nous sommes les tupamaros de la fidélité conjugale – Monsieur Lebrun
À signaler qu’au tout début du film, une scène montre le couple Lebrun (Jean Lefebvre, Françoise Lemieux), regarder un reportage diffusé sur Radio-Canada traitant de la sexualité chez les (très) jeunes enfants. M. Lebrun est scandalisé de cet infâme spectacle « subventionné avec nos taxes » et jure de se plaindre auprès du diffuseur. Lorsque l’on sait que Y’a pas d’mal à se faire du bien fut coproduit et distribué en salles par la chaîne de télévision privée CFCM (devenue Télé-Capitale en cette même année 1974), cette pique envers la télé d’état prend tout son sens.
Ce nanar réalisé par le français Claude Mulot, le chantre du porno des années 70, possède à son générique la chanson interprétée par Johnny Hallyday Les grands enfants, écrite par Eddie Vartan spécialement pour le film et qui est demeurée inédite sur disque pendant plus de 20 ans.
Autre titre: L’éducatrice (titre de travail).
Résumé
Couple rangé vivant dans une banlieue cossue de Montréal réservée aux français, les Lebrun hébergent leur nièce Joëlle, jeune femme de 17 ans. Alors qu'ils observent ahuris la libération des moeurs en train de s'opérer, M. et Mme Lebrun entreprennent de l'informer des dangers qui courent pour une fille de son âge. Quelle n'est pas leur surprise de découvrir en celle qu'ils croyaient pure, une aguerrie de la chose, prônant la liberté sexuelle, l'"orgasme partagé" et ayant même l'affront de leur conseiller de se reprendre en main.
Les Lebrun suivent néanmoins ses conseils et s'initient à l'ouverture auprès de diverses personnes, dont la prof de Joëlle et un sexologue. Ainsi avertis, les Lebrun se lancent corps et âme dans l'amour libre, tâtent de l'échangisme avec M. Lambris et sa femme, mais décident finalement de revenir aux valeurs traditionnelles de la fidélité.
©Charles-Henri Ramond
Distribution
Par ordre d'apparition au générique: Jean Lefebvre (Charles Lebrun), Michel Galabru (M. Lambris), Françoise Lemieux (Martine Lebrun), Darry Cowl (livreur de l'épicerie), Marcella Saint-Amant (Sylvie), Christine Fabréga (mère de Joëlle), Michel Audiard (père de Joëlle), Nathalie Courval (professeure de sexologie), Daniel Ceccaldi (consul de France), Andrée Cousineau (Joëlle), Jean Lajeunesse (M. Brunet)
Ont également participé : Réal Béland (jardinier), Marie-France Beaulieu (secrétaire hautaine), Céline Bernier (secrétaire), Rina Berti (cliente), Paul Berval (boucher), Catherine Blanche (cliente), René Caron (déménageur), Robert Desroches (Laschnotzell), Jacques Desrosiers (policier), Jacques Famery (policier homosexuel), Roger Garceau, Robert Gillet (animateur), Germaine Giroux (vendeuse), Léo Ilial (sexologue), Stéphanie Kinne, Suzanne Langlois (mère de famille), Michel Maillot (l'huissier), Danielle Ouimet (sous le nom Danièle Ouimet - Danielle Lambris), Gilles Pellerin (patron de l'épicerie), Carole Péloquin, Roméo Pérusse (déménageur), André Vézina (reporter Radio-Canada)
Fiche technique
Genre: comédie érotique - Origine: coproduction France-Québec (50% chacun), 1974 - Durée: 1h22 - Langue V.O.: Français - Visa: 13 ans et plus - Sorties en salles: 30 avril 1975 (FRA), 25 octobre 1974 (QC) - Tournage: à Montréal - Budget approximatif: 410 000 $
Réalisation: Claude Mulot - Scénario: Michel Lebrun, Claude Mulot - Producteurs délégués: Denis Héroux, Pierre Camo - Direction de la production: Richard Sadler - Sociétés de production: TC Productions (FRA), Cinévidéo (QC), Les Cinémas Unis Ltée, Télé Capitale Ltée avec la participation financière de la Société de développement de l'industrie cinématographique canadienne (SDICC) - Distribution: Compagnie Commerciale Française Cinématographique (FRA), Distributions Ciné-Capitale (QC)
Équipe technique - Costumes: Michèle Gagné - Direction artistique: Sylvie Mathieu - Montage images: François Ceppi, Dominique Frischeteau – Musique: Eddie Vartan - Photographie: Jacques Assuerus - Prise de son: Patrick Rousseau
Infos DVD/VOD
Au Québec, Y'a pas d'mal à se faire du bien a été édité en VHS par Alliance en avril 1997, mais n'a semble-t-il jamais été transféré en format DVD.