Love-moi – Film de Marcel Simard

Au cours de son atypique carrière de producteur et cinéaste, Marcel Simard a réalisé quelques films ambitieux et importants, dont Love-moi est probablement le plus bel exemple.

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Extrait du film Love-moi de Marcel Simard

Extrait du film Love-moi de Marcel Simard

Love moi est le premier film de fiction du réalisateur, producteur et sociologue Marcel Simard, titulaire d’une maîtrise en sociologie et fondateur des Productions Virage. Au cours de son atypique carrière de producteur et cinéaste, il a réalisé quelques films ambitieux et importants, dont Love-moi est probablement le plus bel exemple.

Love moi met en scène un jeune homme confronté à la violence quotidienne des jeunes de quartiers défavorisés. Ce film fut inspiré par les prores expériences de Marcel Simard alors qu’il était animateur social auprès des jeunes délinquants dans le sud-ouest de Montréal.

À sa sortie, le film obtint un beau succès en salles (plus de 30 000 spectateurs) doublé d’une appréciation critique majoritairement favorable. Love moi  à permis à l’équipe de comédiens de gagner une mention spéciale au festival International de Films Francophones de Namur de 1991 et a également remporté le prix Québec-Alberta (innovation cinéma) en novembre 1991 à Montréal. Marcel Simard avait obtenu le Prix Inter-génération la même année.

À noter qu’il s’agit du premier rôle du comédien Mario Saint-Amand.

Analyse

L’acte de parole est porteur d’espoir. Love-moi tente de montrer qu’il y a un passage possible. Ce qui est donc singulier et particulièrement intéressant dans le scénario, c’est d’avoir mis ces jeunes en position de création. A mesure que leur détresse alimente l’écriture, un transfert s’opère. Le langage change de fonction : il n’est plus seulement l’énumération des formes que prend la violence, il est un support pouvant exprimer la révolte. Grâce au processus de création et d’expression, les jeunes peuvent se réapproprier leurs émotions. Leurs mots deviennent la voix et la parole de ceux qui n’ont pas les moyens de crier leur désespoir. Le langage acquiert un pouvoir. Ils peuvent alors s’en servir pour accuser ceux qui se ferment les yeux, ceux qui profitent de la situation.

Marcel Simard réussit à secouer les indifférents grâce à l’humanité de son scénario, en grande partie autobiographique, et à l’habileté du montage. On est touché et on ne peut rester insensible face aux accusations lancées dans le film contre la « mafia du bien ». Love-moi est important parce qu’il force à écouter les mots, directs et maladroits, de ceux qu’on essaie bien souvent de refouler dans les tribunaux pour la jeunesse, dans les centres de réhabilitation ou dans les prisons.

François Papik, dans Ciné-Bulles, vol. 10, n°4

Résumé

Charles, un cinéaste qui ne parvient pas à financer un projet de film sur la violence vécue par les jeunes en milieu défavorisé, a décidé de monter une pièce de théâtre avec le groupe d'amis de Paul, le garçon assassiné. Charles se sent investi de la mission de faire surgir la parole de ces jeunes qu'on n'entend jamais ; il refuse même à sa conjointe l'enfant dont elle rêve, sous prétexte de consacrer toutes ses énergies au groupe.

Poussés par Charles, trois garçons et trois filles tentent de coucher par écrit ce qu'ils vivent. Jacques est le vendeur de drogue du groupe. Alain, le proxénète, finira en prison. Jérôme, le frère de Paul, a des problèmes d'alcool. Les trois filles se prostituent. Danielle sort d'un centre de réhabilitation, Dolorès est toxicomane et Michàle a des tendances
suicidaires. En somme, un concentré de problèmes sociaux.

Ciné-Bulles, vol. 10, n°4

En pleine rue, dans un quartier populaire de Montréal, un jeune homme est assassiné. Fait divers pour les médias, ce drame ébranle les proches de la victime, des jeunes pour qui la violence est pourtant une denrée quotidienne. Love-moi fait l'autopsie de cette violence. Au banc des accusés : huit jeunes. Les témoins à charge ; le mépris, l'indifférence, les préjugés, l'oppression... L'univers de ces jeunes est sans rêves, sans illusions et sans espoir. Ils n'ont rien sinon, peut-être le choix de se condamner eux-mêmes et, parfois, le cran de mettre fin à leurs jours ... sans se rater.

Source : Annuaire du Cinéma Québécois 1991, p.69

Distribution

Germain Houde (Charles) ; Paule Baillargeon (Louise) ; Mario St-Amand (Jacques) ; Yvon Roy (Jérôme) ; Lucie Laurier (Danielle) ; Sonia Laplante (Michelle) ; Éric Brisebois (Alain) ; Dominique Leduc (Dolorès) ; Lyne Durocher (Maryse) ; Hugolin Chevrette-Landesque (Philippe) ; Stéphane Demers (La Piquette)

Avec : Denis Bouchard ; Claire Pimparé ; Marc Désourdy ; Ducarmel Cyrius ; Léa-Marie Cantin et Lénie Scoffié

Fiche technique

Genre: drame psychologique - Origine: Québec, 1990 - Durée: 1h35 - Langue V.O.: français - Date de sortie: 15 février 1991 à Montréal (puis par la suite à Joliette, Chicoutimi, Saint-Hyacinthe et Longueuil) - Visa: 13 ans et plus - Tournage: 31 jours entre le 18 mars et le 30 avril 1990 - Budget approximatif: 1,7 M$

Réalisation: Marcel Simard - Scénario: Marcel Simard en collaboration avec Lise Lemay-Rousseau - Production: François Bouvier, Doris Girard, Marcel Simard - Sociétés de production: Office National du Film, Les Productions du Lundi Matin, Les Productions Virage, avec la participation de Téléfilm Canada, SOGIC, Radio-Québec - Distribution: Aska Film Distribution

Équipe technique - Costumes: Gaétanne Lévesque - Conception sonore: Marie-Claude Gagné - Direction artistique: Jean-Baptiste Tard - Montage: Michel Arcand - Musique: Robert Léger avec la collaboration de Frédéric Weber - Photographie: Pierre Letarte - Son: Yvon Benoit - Directrice de production: Hughette Bergeron - Scripte: Thérèse Bérubé

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