
Image extraite du film La réception de Robert Morin (Coop Vidéo de Montréal, Morin-Dufour Vidéo Inc, 1989 – capture d’écran ©filmsquebec.com)
La réception est un docufiction réalisé par Robert Morin à partir du roman Les Dix petits nègres d’Agatha Christie, dans lequel les protagonistes sont en réalité dix ex-détenus qui nous livrent des témoignages saisissants sur le milieu carcéral.
Ça faisait longtemps que je me disais : Pourquoi est-ce que les tout-nus auraient pas le droit de prendre des histoires célèbres et de les raconter avec des « peanuts ». Alors, je me suis dit que j’allais prendre une histoire connue et que j’allais la faire jouer par des gens qui ne l’étaient pas, en essayant d’aller plus loin que le drame proprement dit et d’absorber aussi quelque chose de politique. Je voulais montrer ce qu’est l’âme d’un prisonnier sans que ce soit faussé par le décor d’une prison. En fait, je voulais filmer la prison qu’on porte en soi… (Robert Morin, cité dans le livre Moments donnés – Robert Morin entrevues de Jean-Pierre Boyer, Fabrice Montal et Georges Privet, p. 164)
À noter que dans parmi les ex-détenus qui jouent dans ce film, on retrouve Réal Chartrand, la dernière personne à avoir été condamnée à mort au Canada (photo ci-dessous).

L’ex-condamné à mort Réal Chartrand dans La réception de Robert Morin (Coop Vidéo de Montréal, Morin-Dufour Vidéo Inc, 1989 – capture d’écran ©filmsquebec.com)
Réception critique
Ce film expérimental comporte des invraisemblances de mise en scène et quelques tâtonnements dans la mise en place des personnages. Le montage est laborieux et souvent haché gros (17 heures de pellicule réduites sur 77 minutes). Pas grave! Amplement compenses par l’émotion qui nous gagne au fil de la projection, ces défauts méritent indulgence. J’en suis sortie épatée par l’authenticité de ces amateurs, qu’on peut facilement prendre pour du talent. Un film différent, dérangeant et passionnant, tous mots pesés. (Huguette Roberge, La Presse, 25 novembre 1989, p. C2)
La fiction-prétexte, inspirée des Dix Petits nègres d’Agatha Christie, permet à ces écorchés vifs de rugir, de crier, de se défouler, mais aussi ultimement de s’entraider et de s’aimer. (Mario Cloutier, Séquences : la revue de cinéma, n° 175, p. 17-18)