Bilan cinéma québécois 2012

Avec moins de trente films distribués, le cinéma québécois a enregistré un recul important de ses résultats. On retiendra surtout de 2012 les films Rebelle de Kim Nguyen et Roméo Onze d’Ivan Grbovic.

Roméo Onze d'Ivan Grbovic (Ali Ammar)

Ali Ammar dans Roméo Onze d’Ivan Grbovic (©Reprise Films)

Cela fait déjà plusieurs années que la qualité des propositions commerciales québécoises inquiète. En 2006 et 2009 déjà, n’aurait été de la performance de deux films ultra-populaires parvenant à s’accaparer près de la moitié des entrées, notre cinéma aurait enregistré des résultats très similaires à ceux de cette année. La médiocrité des résultats commerciaux du cinéma québécois en 2012 (on annonce environ 5% de part de marché) n’est donc pas une situation exceptionnelle. À postériori, on se dit même que toutes les conditions étaient réunies pour qu’il n’en soit pas autrement.

Peu de films

Le premier constat marquant est une nette diminution de films québécois disponibles. Avec « seulement » 27 films de fiction distribués en salles, l’année 2012 constitue un recul important par rapport à 2011 (38), 2010 (34) et même 2009 (31).

Le second constat est lui plus inquiétant. Il semble être lié à une structure de distribution de plus en plus fragile. En effet, 2012 symbolise une quasi absence de propositions québécoises sur les écrans de région, qui, on le sait,  sont la principale ressource de spectateurs pour nos productions. Sur les 27 films distribués, seuls 9 films sont sortis sur plus de 20 écrans dans toute la Province, à comparer aux 14 de 2011, aux 13 de 2010 ou aux 17 de 2010. La conjugaison de ces deux données (baisse du nombre total de films disponibles et diminution des circuits de distribution) suffit à elle seule à expliquer – en partie – la faiblesse des résultats.

Piètre qualité

Le couple Valérie Blais et Guy A Lepage dans la comédie québécoise L'Empire Bossé

Le couple Valérie Blais et Guy A Lepage dans la comédie québécoise L’Empire Bossé

En partie seulement, car lorsque l’on conjugue ces chiffres avec la piètre qualité de nos films à vocation commerciale, on obtient l’effet dévastateur rencontré. En dehors d’Omertà et des Pee Wee 3D, toutes nos grosses productions se sont cassé les dents. À commencer par L’Empire Bossé, une comédie ridicule qui devrait faire réfléchir les bailleurs de fonds du cinéma québécois, Liverpool, petit film suranné au public cible indéfinissable, et même Ésimésac, dont le plongeon dans la crise économique s’est révélé incapable de faire rêver l’auditoire pourtant nombreux de son célèbre conteur-scénariste. L’Affaire Dumont et Inch’Allah, à des degrés moindres, ont eux aussi eu toutes les peines du monde à contrer un bouche à oreille majoritairement défavorable. Au final, deux films millionnaires sur les neuf « grosses » sorties de l’année [1].

Quelques bonnes nouvelles quand même

Parmi les quelques rares surprises tant commerciales qu’artistiques, reconnaissons à Laurence Anyways et son nombre de séances limitées, une performance presqu’exceptionnelle, largement méritée d’ailleurs (50 000 entrées). L’autre surprise de taille de 2012 est bien entendu Rebelle de Kim Nguyen, qui, avec trois petites salles à sa première fin de semaine a tout de même réussi à attirer plus de 13 000 spectateurs. Un chiffre quasi équivalent pour le très beau Camion de Rafaël Ouellet qui entre lui aussi dans la rubrique « satisfactions 2012 ». Dans un registre plus intime, le très aride Torrent de Simon Lavoie aura tout de même attiré 5 500 spectateurs, de même que la découverte de l’année, Roméo Onze de Ivan Grbovic.

En résumé

Loins d’être inexplicables, les résultats commerciaux enregistrés en 2012 par le cinéma québécois ne sont pas une fatalité. Permettront-ils d’ouvrir un débat serein sur les enjeux et les valeurs de notre cinématographie? C’est ce que l’on souhaite, même si la situation est loin d’être alarmante, comme certains voudraient bien nous le faire croire. Ce qui est de plus en plus évident par contre, c’est qu’il serait appréciable de se pencher rapidement sur l’état de santé de la distribution et de tenter de développer des outils de promotion et de diffusion innovants et propres à nos films, sans oublier d’analyser les raisons de leur faible présence dans les salles de région. Au vu des résultats de 2012 (et probablement de 2013 qui ne s’annonce guère plus encourageante), une réflexion dépassionnée sur la fragilité de notre cinéma doit être entreprise.

Référence : [1] : au moment d’écrire ces lignes, les chiffres définitifs ne sont pas connus pour Ésimésac, qui devrait s’approcher de la barre du million.

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