[Critique] Arlette : les rouages sont grippés

Sous ses airs subversifs, il n’y a finalement pas grand chose à retirer de cet objet mercantile aux images de papier glacé.

Arlette - Mariloup Wolfe - de gauche à droite : Gilbert Sicotte, Marie-Pier Morin, David La Haye et Claudia Ferri
Arlette – Mariloup Wolfe – de g. à d. : Gilbert Sicotte, Marie-Pier Morin, David La Haye, Claudia Ferri

Ce n’est pas tous les jours que les scénaristes québécois nous offrent un film centré sur la politique. Encore moins lorsqu’il s’agit d’une satire. Sur le papier, l’idée d’Arlette était donc plutôt alléchante. Le problème, sans entrer dans des considérations extra-cinématographiques qui me font penser qu’à vouloir trop embrasser la (mauvaise) réputation de sa vedette, ce produit n’a d’autre raison d’être que d’attirer les voyeurs dans les salles obscures, le problème est que l’exécution est loin d’être satisfaisante.

Épopée humaine à la sauce #moiaussi, comédie grinçante sur les rouages de la politique, miroir social sur les apparences et sur l’image publique, critique des médias, etc., les thèmes et les genres ne parviennent jamais à s’imbriquer vraiment. Sur les 118 longues minutes du film, il n’y a aucune scène qui soit suffisamment forte pour rester en mémoire. Le parallèle avec la cour de Louis XIV ne fait aucun sens dans le contexte québécois d’aujourd’hui. L’enjeu dramatique (le combat entre la culture et la finance), en plus d’être simpliste et aberrant, se résout en un clin d’œil. Le ton ne mord jamais assez pour déstabiliser ou faire réagir. Le scénario sombre dans la facilité (la scène « osée » avec Lara Fabian ne sert strictement à rien). Et l’on n’apprend strictement rien de neuf sur l’arène politique locale.

Bref, sous ses airs subversifs, il n’y a finalement pas grand chose à retirer de cet objet mercantile aux images de papier glacé. En dehors peut-être d’un bref instant de sincérité et d’émotion dans lequel Arlette-Marie-Pier Morin se rend compte de la difficulté de la tâche à accomplir. La présence de Benoît Brière en vieux roublard rompu aux méthodes de la Chambre et de Paul Ahmarani en fidèle attaché de presse est aussi à souligner. Dans des rôles opposés et plutôt crédibles, ils sont les seuls à s’en sortir avec les honneurs.

Arlette – Québec, 2022, 1h58 – une jeune éditrice de mode aux méthodes rentre-dedans est placée à la tête du ministère de la culture – Avec: Marie-Pierre Morin, David La Haye, Gibert Sicotte – Scénario: Marie Vien – Réalisation: Mariloup Wolfe – Production: Valérie d’Auteuil, André Rouleau – Distribution: Les Films Opale

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