[Critique] Henri Henri : pour les beaux yeux de Sophie

Rien ne tient vraiment debout dans ce Henri Henri, fable fantaisiste de Martin Talbot qui emprunte les traces laissées par le chef-d’Å“uvre de surréalisme qu’était Amélie Poulain. Mais le film noie très vite toute idée d’onirisme dans les langueurs d’un scénario aux messages lourdement appuyés.

Sophie Desmarais dans Henri Henri (©Films Séville)

Sophie Desmarais dans Henri Henri (©Films Séville)

J’aime mettre de la lumière dans la vie des gens de nous dire le brave Henri, niais sympathique, « relampeur » de son métier et orphelin bigot de son état. Cette phrase, on l’entendra trois fois durant le film, comme pour mieux nous enfoncer dans le crâne le punch du scénario : Henri est le simplet de service qui fait du bien à son entourage et qui prend à sa charge les causes désespérées. On aura aussi droit à de nombreuses autres redondances pour appuyer les actes de bonté du naïf Henri ainsi que tous les retours en arrière possibles et imaginables pour renforcer par l’image le dialogue lu en voix off.

Outre ce scénario alourdi, Henri Henri éprouve toutes les peines du monde à transformer son univers en territoire fertile à l’imaginaire. Plongé dans un Québec non daté, mais que la direction artistique a résolument positionné dans les années 60-70, le film fait se côtoyer des environnements mi-réels, mi-surréalistes qui souffrent par manque d’unité. Par moments, on se croirait dans un bric-à-brac bobo du Plateau Mont-Royal, à d’autres, dans un quartier pauvre au bord de la 40 ou encore dans une forêt enchantée, abritant le roi du cornichon et son manoir majestueux (mais mal reproduit en images de synthèse).

Comme souvent, c’est du côté de l’interprétation que l’on déniche matière à satisfaction. Les personnages principaux, incarnés par Victor Andrés Trelles Turgeon et Sophie Desmarais offrent quelques scènes sans paroles ou presque laissant toute la place à la poésie presque aérienne de leur couple. Ces moments, sans aucun doute les plus touchants du film, ne sauvent toutefois pas la faiblesse des personnages secondaires qui n’en restent qu’au stade de l’ébauche (le voisin qui confectionne mystérieusement des sachets d’ustensiles en plastique) ou du remplissage (Singh, le génie de la lampe).

Ajoutez l’extrême lenteur du scénario et plusieurs moments creux et vous aurez un film – une bonne idée pourtant – dont on ne parvient jamais à pénétrer les mystères. Malgré ses ambitieuses intentions de départ, Henri Henri est une des grosses déceptions de l’année.

Henri Henri – conte – Québec, 2014, 1h40 – un jeune orphelin affairé à l’entretien d’ampoules et de luminaires tombe amoureux d’une jolie caissière de cinéma porno atteinte d’un handicap qui l’oblige à vivre dans le noir – Avec: Victor Andrés Trelles Turgeon, Sophie Desmarais, Marcel Sabourin et Michel Perron – Scénario et réalisation: Martin Talbot – Production: Christian Larouche, Caroline Héroux – Distribution: Christal Films

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Les notes :

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★★ Moyen
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