Critique du film L’incrédule de Federico Hidalgo

Un malentendu peut aussi mener à l’amitié…

Francesca Bárcenas, Claudio Cáceres dans L'incrédule de Federico Hidalgo

Francesca Bárcenas, Claudio Cáceres dans L’incrédule de Federico Hidalgo

Pour son troisième long-métrage de fiction, Federico Hidalgo continue de définir les contours de l’immigration sud-américaine et de ses appréhentions au contact de son milieu d’adoption. Dans L’incrédule, il nous propose de suivre la rencontre de deux couples originaires du Vénézuela qui se lancent dans un projet utopique afin de mieux affronter les doutes inhérents à leur statut de déracinés.

Deux jeunes arrivants (Luisa et Mariano) seront accompagnés par Tomas et Sofia, installés au Québec depuis plusieurs années, dans leur projet de fonder une compagnie de service. Pour leur départ en affaires, c’est un quiproquo ¬ fondé sur la bonne foi ¬ qui fera office de révélateur de leur amitié naissante.

Dans un style très proche du théâtre filmé, le scénariste et réalisateur suit ses deux couples se débattre dans leurs craintes en l’avenir. Il explore les différences de vision de ces personnages aux origines différentes avec parfois un ton légèrement désabusé. Par le biais de dialogues finement ciselés, mais très abondants, Hidalgo nous entraîne dans une thérapie de groupe, où tout un chacun doit faire preuve de force pour se rassurer mais aussi pour ne pas entraîner l’autre dans la neurasthénie. Dans une scène très révélatrice et très justement jouée, Sofia avoue à Lucia qu’elle l’a suivie dans son entreprise sans même savoir de quoi il retournait, juste pour l’aider et la soutenir dans son projet.

Si l’analyse intime de ces immigrants en mal de référence constitue le centre du film, Hidalgo nous montre aussi des aspects plus concrets des troubles causés par l’immigration. Entre autres, la solidarité et l’entraide qui se créée entre des ressortissants de même origine et qui parvient à s’installer malgré les différences. Les plus aguerris prennent les novices sous leur aile, presque malgré eux, et les aide à traverser cette étape difficile. L’inadéquation entre les diplômes et des méthodes apprises et notre marché du travail est un écueil bien réél, adroitement abordé par le film.

La distribution, tout en justesse et retenue, permet de faire plus amples connaissance avec des comédiens chevronnés mais qui font ici leurs débuts dans des premiers rôles au cinéma. Marcelo Arroyo a une longue carrière de théâtre, Francesca Bárcenas a été vue dans des rôles de soutien (Polytechnique, Route 132) et Marcela Pizarro dans la télésérie Providence.

En résumé

Souffrant de quelques longueurs dans sa première partie, L’incrédule peut paraître tendu et conflictuel à certains moments. Hidalgo a toutefois eu la bonne idée de conclure sur une scène hilarante, lors de laquelle le quiproquo initial est dévoilé dans des conditions peu banales. Cette note plus légère donne à L’incrédule une orientation presque loufoque dont on regrette la trop faible mise en valeur. Malgré cela, L’incrédule mérite largement d’être découvert (très rapidement) au cinéma Excentris de Montréal.

L’incrédule – Québec, 2011, 1h34 – deux couples originaires d’Amérique du sud se rencontrent et fondent une compagnie censée fournir la Charuflauta, un procédé apparemment efficace contre la mélancolie – Avec: Marcelo Arroyo, Marcela Pizarro, Francesca Bárcenas, Claudio Cáceres, Luz Tercero – Scénario et Réalisation: Federico Hidalgo – Production: Federico Hidalgo, Patricia Diaz – Distribution: Atopia

Ma note: 

Les notes :

★★★★★ Excellent
★★★★ Très bon
★★★ Bon
★★ Moyen
Mauvais

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