[Critique] Le colis: l’embrouille est dans le sac

À mi chemin entre la chronique sociale et la comédie de boulevard, Le colis s’avère au final loin d’être drôle. Tout juste convaincant dans ses moments les plus intimes.

Le colis de Gaël d'Ynglemarre

Le colis de Gaël d’Ynglemarre

Présenté comme une comédie soi-disant loufoque, Le colis déçoit. Les scènes supposées faire rire tombent toutes à plat, hormis quelques lignes de dialogues qui parviennent à peine à arracher le sourire. Le scénario joue sur l’opposition entre le bon gars (le mythique gentil québécois naïf et sans le sou) et l’arriviste qui, malgré son train de vie exubérant, a raté sa vie lui aussi. Tous les deux se retrouvent confrontés à une espèce de rocker tatoué, Shotgun, qui fait chanter l’un pour récupérer les dettes de l’autre. Le gentil (Bilodeau), que sa blonde a laissé, kidnappe le méchant (Roy) mais se rend compte qu’il est aussi criblé de dettes que lui. La demande de rançon ne trouve d’oreilles qu’auprès du frère de ce dernier, en froid depuis de nombreuses années avec son frère qui lui a piqué sa blonde… Mais tout s’arrange par miracle dans les dernières minutes. Le shylock est démasqué, les frères se réconcilient et le petit courtier retrouve sa douce et un beau paquet d’argent.

Le colis est un fourre-tout qui mélange la chronique sociale (les problèmes de jeu, les conditions de vie des gens aux revenus modestes…) et la comédie satirique. Le problème, c’est que rien ne fonctionne vraiment. Et le happy end plus que prévisible, l’utilisation abondante de clichés passés date finissent par achever ce très mauvais théâtre de boulevard.

Signalons en particulier la caricature de la femme dépensière et indifférente, mythe vieux comme le monde, qui refait surface ici pour une énième fois. C’est donc la faute de cette garce qui ne vit que pour la pacotille si son mari est obligé de s’endetter pour maintenir un train de vie totalement artificiel. Malgré toute la désinvolture de Sylvie Léonard, ce personnage n’est finalement, problème majeur pour une comédie, pas drôle du tout.

De fait, ce qui retient l’attention dans Le colis, ce sont les scènes plus lentes et plus tendres qui mettent en relation Emmanuel Bilodeau avec sa fille (Alice Morel-Michaud) et avec Gildor Roy. Ces scènes offrent une portée dramatique plus intéressante mais ont comme effet direct de casser le rythme du film et de créer des hauts et des bas émotionnels pour le moins dérangeants. Il en résulte une sensation de frustration, le spectateur ne parvenant à trouver entière satisfaction ni dans le rire forcé de la caricature, ni dans les soupirs d’attendrissement de la chronique sociale.

Au final on a bien du mal à se sentir concerné par ce mélange des genres raté, qui a toutefois le mérite de laisser la place aux acteurs de grand talent que sont Emmanuel Bilodeau et Gildor Roy. Jouant ensemble pour la première fois, ils parviennent à un haut niveau de complicité qui rend le film attachant dans ses trente dernières minutes, les plus réussies sans doute.

C’est donc tout ce qu’il y a à relever dans Le colis, un premier essai en demi-teinte pour la réalisatrice Gaël d’Ynglemare. Un film qui hésite entre rires et larmes, ne parvenant correctement ni à l’un ni l’autre.

Le colis – Québec, 2010, 1h45 – Dans le but de rembourser une dette, un homme d’origine modeste kidnappe un riche homme d’affaires et demande une rançon, mais les choses ne tournent pas comme prévu… – Avec: Emmanuel Bilodeau, Gildor Roy, Evelyne de la Chenelière – Scénario et Réalisation: Gaël d’Ynglemare – Production: Sonia Despars, Yves Fortin (Productions Thalie) – Distribution: Films Christal

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★★ Moyen
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