[Critique] – Le plongeur: bienvenue dans le chaos

Peinture de milieu efficace et vivante, dépeignant avec nuance et justesse un domaine que tout le monde connait, mais peu montré au grand écran.

Le plongeur de Francis Leclerc - photo de l'acteur Charles-Aubey Houle (Bébert) - Photo: Danny Taillon
Le plongeur РCharles-Aubey Houle (B̩bert) РPhoto: Danny Taillon

Avec Le plongeur, Francis Leclerc délaisse la reconstitution historique pour revenir dans un univers contemporain. Le résultat est à la hauteur des attentes et rejoint en qualité et en intérêt les meilleurs films du cinéaste que sont Mémoires affectives ou Une jeune fille à la fenêtre. Ce qui retient l’attention en premier lieu c’est l’originalité du scénario, offrant une peinture de milieu efficace, regorgeant d’observations crédibles sur un domaine dont on parle souvent et que tout le monde connait, mais que l’on montre peu au grand écran, et en général pas sous ce jour.

En parallèle à cette immersion assez brutale dans des coulisses pas toujours reluisantes de la restauration, le récit aborde aussi de front un autre sujet qui, bien qu’il ait souvent fait les manchettes, n’a jamais vraiment été courtisé par notre cinéma. Par le biais des déboires à répétition du protagoniste, les conséquences de la dépendance au jeu sont évoquées, sans jugement, et, là encore, avec justesse et nuance.

L’autre intérêt du film est d’avoir réussi à dépeindre des personnages complexes et d’avoir su aller suffisamment loin dans leurs addictions et leurs passions. Ils ont tous des moments forts, répartis à part égale. Le jeune plongeur, bien sûr, un type bien qui n’a pas eu la chance d’avoir les ressources nécessaires pour s’extirper de son vice (Henri Picard, convaincant quoiqu’un peu lisse) ; Bébert, le cuistot qui a bien des choses sur la conscience, dépeint lui aussi comme un type attachant malgré ses défauts (Charles-Aubey Houle, la vraie révélation du film) ; et Greg, le garçon de table embringué dans un trafic trop gros pour lui (Maxime de Cotret, enfin un rôle à sa mesure pour le grand écran). On pourrait aussi mentionner la prestation pleine d’aplomb de Joan Hart et des acteurs de soutien bien campés (Fayolle Jean Jr. ou Emmanuel Schwartz, entre autres).

Bénéficiant de la caméra experte de Steve Asselin, d’une direction artistique maîtrisée jusque dans les moindres détails et d’une mise en scène soignée, Le plongeur offre une variation plus trash et plus originale que le traditionnel récit d’apprentissage québécois. En somme, une œuvre de qualité qui parvient aisément à faire oublier ses petites longueurs, surtout dans une première heure un peu répétitive, et la voix hors champs trop souvent redondante.

Le plongeur – Québec, 2022, 2h07 – À Montréal en 2002, un étudiant accro aux loteries vidéo décide de se reprendre en main en acceptant une job de plongeur dans un restaurant huppé – Avec: Henri Picard, Charles-Aubey Houde, Joan Hart, Maxime De Cotret – Scénario: Eric K. Boulianne, Francis Leclerc – Réalisation: Francis Leclerc – Production: Marie-Claude Poulin – Distribution: Immina Films

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