[Critique] Miséricorde : drame policier, saveur amérindienne

Avec Miséricorde, son second long métrage de fiction, Fulvio Bernasconi propose un suspense policier ouvrant une vitrine sur le monde autochtone moderne. Un mélange de genres habilement tricoté ayant comme arrière-plan le drame et la rédemption.

Jonathan Zaccai dans Miséricorde

Jonathan Zaccai dans Miséricorde (source : PointProd SA)

Thomas, originaire de Genève, a passé les trois derniers mois à pêcher dans le Nord du Québec. Alors qu’il est sur son départ, il atterrit sur les lieux d’un accident. Un jeune amérindien de 13 ans gît inerte et le camion qui a causé la mort est introuvable. Suite à la tragédie, Thomas s’engage auprès de la mère à retrouver le coupable. Le récit laisse planer l’ambigüité sur ses véritables motivations de prolonger son séjour.

Avec comme arrière-plan le drame et la rédemption, Miséricorde nous offre les atours d’un thriller policier tout en ouvrant une vitrine sur les conditions de vie modernes du monde autochtone, tout en s’appuyant sur certaines de ses traditions. Planté dans l’immense et grandiose décor abitibien, le film met en scène le Belge Jonathan Zaccaï, dans le rôle de Thomas, un être vulnérable qui attire à lui les regards et les suspicions des autres. Quoique foudroyant par moments, on ne saisit pas entièrement l’ampleur de sa vendetta personnelle, et ce, même lors du dévoilement de ce qui l’anime. Face à lui, l’excellent Marco Collin dégage une force tranquille et livre un jeu tout en nuances, tandis qu’Évelyne Brochu porte en elle toute la lourdeur d’un passé trouble.

Du côté de la photographie, Filip Zumbrunn fait un travail remarquable avec ses scènes de Far-West ponctuant l’évolution intérieure de Thomas qui dévoile progressivement les émotions qui l’habitent au fur et à mesure qu’il s’enfonce dans la forêt québécoise. Ces dernières sont bien communiquées, car on ressent la torture qui le pousse toujours plus avant dans une quête existentielle profonde. Son périple en terre inconnue se transforme en catalyseur permettant, grâce à sa relation avec les autochtones, de véhiculer une vision philosophique du bien et du mal et de comment y faire face. Se démarquant par ses images et un regard non manichéen sur ses personnages, Miséricorde se révèle être un divertissement de qualité, mais qui ne marquera pas le cinéma québécois. Cela reste malgré tout un mélange de genres habilement tricoté.

Miséricorde – Coprod. Suisse-Québec, 2016, 1h30 – Un camionneur sans visage renverse Mukki, un jeune amérindien, avant de prendre la fuite, le laissant mort au bord de la route. Thomas, pêcheur européen venu s’isoler dans le Grand Nord canadien, s’élance à sa poursuite. Ce comportement intrigue la police canadienne, et singulièrement l’officier Laurie Gagnon, qui souhaite apaiser les vieilles rancÅ“urs qui minent la réserve indienne. Touché dans son orgueil, John, l’oncle de la victime, se met en chasse lui aussi… – Avec: Jonathan Zaccaï (Thomas Berger), Evelyne Brochu (Mary-Ann), Daniel Gadouas (Gilles Gagnon), Charlie Arcouette (Laurie Gagnon), Marco Collin (John Cheezo), Marie Hélène Belanger (Alice), Marthe Keller (Gloria), Isabelle Caillat (Femme de Thomas) – Photographie: Filip Zumbrunn – Montage: Claudio Cea – Scénario: Antoine Jaccoud, Fulvio Bernasconi (sur une idée de Pierre-Pascal Rossi) – Réalisation: Fulvio Bernasconi – Production: PointProd SA, 1976 Productions Inc., KNM, RTS Radio Télévision Suisse – Distribution au Québec: Filmoption International

Ma note: 

Les notes :

★★★★★ Excellent
★★★★ Très bon
★★★ Bon
★★ Moyen
Mauvais

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