Dès les premières images, la gentille chronique familiale qui semblait s’installer est balayée par une musique aux saveurs anxiogènes et l’installation d’un mystère profond entourant le passé de la plupart des personnages. Le protagoniste principal, d’abord, objet de révélations troublantes, sa mère, qui se suicide abruptement, avec l’impression d’avoir accompli sa tâche (elle a réalisé un film qui est maintenant terminé), et son père, receleur d’une vérité inavouée mis sur le tapis presque de façon anodine. L’impression d’étrangeté de cette prémisse théâtrale suivra tout le film.
Filmé à la manière d’un polar psychologique, L’origine des espèces nous entraîne dans une quête de vérité aux métaphores abondantes qui touche des thématiques très présentes dans le cinéma québécois. Une enquête sur les origines des véritables parents du protagoniste révélera au grand jour des problèmes de filiation, le drame d’enfants abandonnés, le viol et le suicide, entre autres. Le film restera toutefois en retrait par rapport à ses préoccupations, se contentant d’évoquer ces tares collectives en en montrant quelques images-chocs, et en évoquant le cauchemar du protagoniste à la manière des séries B conventionnelles. Malgré la richesse et la noirceur du contenu proposé, le scénario ménage quelques instants de répit en laissant jaillir çà et là quelques touches d’humour noir, notamment dans des dialogues décalés, qui sonnent étonnamment faux. Les scènes animées expliquent trop les tenants et aboutissants, tandis que le personnage de la douce femme aimante qui a hâte que tout ça se termine paraît sans attaches dans une histoire nourrie d’imbroglios.
Au final, L’origine des espèces malgré sa volonté de proposer un univers différent de ce qui est le pain quotidien du drame québécois, est un mélange étonnant de mystère, d’humour et de thriller psychologique à moitié convaincant. Plusieurs séquences peu utiles à l’élaboration de l’intrigue grèvent la fluidité du récit (la relation avec la serveuse, entre autres). Le rapport de force entre la ville et la région n’est pas sans évoquer ce que l’on avait pu voir dans Tom à la ferme de Dolan. Mais le contraste entre les luxueux appartements citadins et les endroits sordides de St-Ève-Des-Monts paraît trop rigide. Sylvie de Morais et Marc Paquet s’en tirent avec les honneurs, bien que leurs rôles détonnent dans un concert de personnages secondaires très typés.
L’origine des espèces – Québec, 2015, 1h32 – un jeune homme qui vient d’apprendre que son père n’est pas son géniteur part à la découverte du passé de sa famille. Il s’enfonce dans une quête douloureuse. – Avec: Marc Paquet, Sylvie de Morais, Élise Guilbault, Marc Béland – Scénario: et Réalisation: Dominic Goyer – Production: Valérie d’Auteuil – Distribution: Les Films Christal
Ma note: