[Critique] Le sens de l’humour: dindons de la farce

Moins abouti que De père en flic, cette farce grossière et prévisible à tout ce qu’il faut pour rejoindre un grand nombre de fans

Sens de l'humour, Le d'Émile Gaudreault (B. Brière, L-J Houde - ©Alliance Atlantis))

Sens de l’humour, Le d’Émile Gaudreault (B. Brière, L-J Houde – ©Alliance Atlantis)

Le Sens de l’humour est une comédie où l’on rit finalement très peu. Ceci est essentiellement dû à un style d’humour très basique, faisnt feu de tout bois, mais restant très près du ras des pâquerettes. Et peu importe que les blagues soient vulgaires, peu importe qu’elles soient même homophobes. L’essentiel dans ce genre de cinéma est d’engranger des dollars le plus vite possible. À cet exercice, inutile de dire que le film de Émile Gaudreault y parviendra amplement.

Faire feu de tout bois c’est le maître mot de cette comédie qui mélange les genres de façon confuse et désordonnée et qui procure au spectateur des sensations disparates, certaines assez sombres pour une comédie. Dans ce scénario fourre-tout, où l’avenir de nos deux comiques kidnappés n’a qu’une micro-importance, on survole avec le même allant des thématiques aussi éloignées que l’impact favorable de la pratique de l’humour sur le succès personnel, le tragique destin des enfants battus ou la suffisance des montréalais envers les régions.

Ces éléments dramatiques abordés aux grés des humeurs changeantes des personnages se retrouvent donc mélangés et malaxés dans un melting pot de blagues faciles, d’humour noir et de tarte à la crème. Ce mélange, s’il évite de justesse d’être indigeste, procure une sensation d’étrangeté tant les ingrédients ont du mal à prendre ensemble.

Le trio d’acteurs vedettes s’en sort plutôt bien, Benoît Brière et Louis-José Houde accaparent les passages les plus drôles, Brière en gentil gars très « quétaine » et Houde en humoriste-intello mais sans réel succès. Les réactions seront peut-être plus mitigées en ce qui concerne le personnage de Gendron (Michel Côté toujours aussi à l’aise), cuistot de casse-croûte timide, renfrogné et encore puceau à 55 ans, n’a finalement pas l’air très crédible et n’est pas toujours très drôle non plus. À force de beurrer trop épais, on finit par ne plus rien goûter. Signalons enfin les seconds rôles d’Éveline Gélinas (la soeur névrosée à l’extrême) et de Pierre Collin (le père fouettard), les deux vraies satisfactions du film.

En résumé

Loin d’avoir le punch et la verve de De père en flic, Le sens de l’humour ressemble beaucoup plus à une valse-hésitation entre le drame tourné en dérision et la comédie noire du genre Scream. Un film qui, au final, ne convainc qu’à moitié et où plusieurs gags arrachent à peine un sourire névrotique.

Le sens de l’humour – Québec, 2011, 1h50 – Deux humoristes s’en prennent à un spectateur qui ne tarde pas de leur faire comprendre leur erreur – Avec: Michel Côté, Louis-José Houde, Benoît Brière, Anne Dorval – Scénario: Émile Gaudreault, Benoît Pelletier – Réalisation: Émile Gaudreault – Production: Denise Robert, Daniel Louis (Cinémaginaire) – Distribution: Alliance Vivafilm

Ma note: 

Les notes :

★★★★★ Excellent
★★★★ Très bon
★★★ Bon
★★ Moyen
Mauvais

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