Entrevue avec Denis Côté à propos de Curling

Mystérieux et poétique, Curling ne ressemble à rien d’autre et procure une expérience de spectateur hors norme. En pleine tournée des festivals internationaux, Denis Côté a bien voulu répondre à quelques questions.

Curling de Denis Côté (Philomène Bilodeau)

Curling de Denis Côté (Philomène Bilodeau)

Films du Québec: Curling sort dans un circuit beaucoup plus large que tes autres films qui avaient des sorties assez confidentielles. Comment présenter ton film à un spectateur qui verra l’affiche mais qui n’a jamais entendu parler de toi?

Denis Côté : Je suis depuis un bout de temps un peu épuisé par ce besoin d’étiquettes par rapport à mon cinéma. Certaines personnes pensent que mes films n’ont besoin d’aucune mises en garde, d’autres pensent que mon travail est très marginal. Me situer par rapport à tout ça devient une entreprise périlleuse. Je fais un cinéma personnel et si je peux proposer une signature qui se distingue des autres, tant mieux. C’est probablement comme ça qu’il faut me présenter. La présence d’Emmanuel Bilodeau, les prix remportés par le film ou un simple désir cinéphile devrait suffir à attirer un certain public.

FQ: D’où te viens l’histoire et les personnages?

Denis Côté : J’ai encore une fois imaginé une histoire un peu à côté du monde qui parle des problèmes reliés à l’isolement, qu’il soit intime, social ou géographique. Je ne sais plus très bien d’où vient l’inspiration cocncrète. J’ai créé une bulle avec des personnages particuliers sans être des marginaux irrécupérables. J’avais envie d’hiver, de travailler avec une enfant, de travailler avec EBilodeau… Le reste est le fruit de longues sessions d’écriture, de mûrissement du sujet. Je ne me souviens plus de l’étincelle véritable pour dessiner ce film.

FQ: On colle souvent le terme “nouveau cinéma québécois” à ton nom. Qu’en penses-tu?

Denis Côté: Ça a été créé par les Rendez-vous du cinéma québécois l’an dernier. Je crois que c’est le propre d’un cinéaste de se tenir loin des regroupements, des étiquettes, des associations trop vite inventées et imaginées. Je remarque que nous sommes quelques-uns à partager des préoccupations semblables mais c’est le travail de la critique, des observateurs, des historiens de faire des liens entre nous. Je crois que nous nous battons tous très forts pour préserver des signatures diverses et personnelles. Rien n’est concerté, nous ne sommes pas un Mouvement.

FQ: En tant qu’observateur extérieur de notre cinéma, je suis toujours étonné de voir l’écart qu’il y a entre la forte visibilité de tes films dans les festivals et leur relatif insuccès ici. Comment expliques-tu ça?

Denis Côté : Si je suis un produit des festivals, je vais l’assumer. Si la cinéphilie ou la curiosité pour un cinéma différent se rétrécit chez nous au Québec, alors j’irai où l’on veut de moi. Mes films ne trouvent peut-être pas LE public mais chaque film trouve SON public. Il y a 3 jours, il y avait 700 personnes pour une projection de Curling à Vienne. Nous atteindrons ce nombre de spectateurs en peut-être une semaine au Québec!!! C’est comme ça. Je fais mes films, j’avance. Problème de distribution, de cinéphilie, d’intérêt, toutes ces réponses? Peut-être. J’irai où l’on veut de mon travail.

FQ: Curling a des points communs avec Carcasses et Nos vies privées. Ils s’interpellent et se répondent et établissent en quelque sorte un ensemble créatif plutôt cohérent (une cinématographie je suppose). Est-ce que tu tiens à ça quand tu écris?

Denis Côté: Étrangement non mais je peux bien voir que Curling partage beaucoup avec Nos vies privées ou Les états nordiques. C’est en moi. Les préoccupations sont là de façons conscientes ou inconscientes. On n’écrit pas un film ‘pour les festivals’, on ne crée pas un film pour s’assurer la continuité avec nos autres films. Si ma personnalité évolue dans un sens, mes films suivront. Il y a 5 ans, je ne mettais pas ma caméra sur un trépied, maintenant oui. C’est aussi banal que ça. Je n’intellectualise pas beaucoup mon parcours.

Curling – Québec, 2010 – Dans une nature hivernale et rude, entre deux boulots ordinaires, Jean-François Sauvageau consacre un temps maladroit à Julyvonne, sa fille de 12 ans, qu’il tient en marge du monde. Bientôt, l’équilibre fragile de cette famille atypique est mise en péril par d’étranges événements – Avec: Emmanuel Thibodeau, Philomène Bilodeau, Roc Lafortune, Sophie Desmarais – Scénario et Réalisation: Denis Côté – Production: Denis Côté ; Stéphanie Morissette – Distribution: Métropole Films

Ma note: 

Cette entrevue a été réalisée par courriel le 5 novembre 2010.

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