[Critique] Allure : des airs de subversion

Maîtrisé visuellement, Allure ne parvient jamais vraiment à donner corps à son récit de relation subversive. Evan Rachel Wood s’en sort avec courage mais c’est trop peu pour rendre cet passion vénéneuse réellement captivante.

Evan Rachel Wood, Julia Sarah Stone dans Allure de Carlos Sanchez et Jason Sanchez

Evan Rachel Wood, Julia Sarah Stone dans Allure de Carlos Sanchez et Jason Sanchez

Maîtrisé visuellement, Allure ne parvient jamais vraiment à donner corps à son récit de relation subversive. On imagine les problèmes mentaux et les rapports troubles que les deux femmes entretiennent avec leur père (et la gent masculine en général). Cependant, leurs motivations, bases psychologiques indispensables à la crédibilité de leur « couple », restent trop peu explorées. À peine installé, le film se résume alors en un cycle répétitif d’attraction-répulsion qui ne trouve pas de justification tangible dans les fantasmes et les névroses des personnages. Ne sachant trop ce que veulent nous dire et où vont nous emmener les frères Sanchez, nous sommes la plupart du temps totalement incrédules, incapables de saisir ce qui nous apparaît comme incohérent ou peu exploité.

De plus, jamais on n’arrive vraiment à appréhender le désarroi de la douce Éva, restreint à ses apparences de jeune fille de bonne famille dans son joli polo d’école privée, jouant tranquillement du piano dans le salon en attendant le retour de sa mère. C’est beaucoup trop lisse pour soutenir la résignation à continuer sa relation venimeuse dont elle fera preuve ultérieurement. Cela dit, Allure ne manque pas de force visuelle. La direction photo de Sara Mishara met bien en valeur les différents huis clos dans lesquels évoluent les protagonistes (maisons, bureaux, chambres de motels, voitures…), mais ce glaçage presque trop parfait rompt avec le « trash » de la vie de Laura, montré dans quelques scènes explicites de sexe brutal, de consommation et de violence crue. Evan Rachel Wood s’en sort avec courage et donne corps au désespoir dévolu à son rôle ingrat, que sa nature androgyne permet de rendre tangible. C’est toutefois trop peu pour que la subversion qui se dégage de cet amour vénéneux soit réellement captivante. Note : 2/5

Mots clés

Les notes :

★★★★★ Excellent
★★★★ Très bon
★★★ Bon
★★ Moyen
Mauvais

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