[Critique] Les maîtres du suspense : timides soubresauts

À l’instar de bon nombre de comédies québécoises récentes, Les maîtres du suspense est une farce très inégale et mollassonne qui se contente d’aligner sans trop de cohérence des rebondissements farfelus enrobés de one-liners sans réelle profondeur.

Image des comédiens Robin Aubert et Michel Côté dans Les maîtres du suspense (Stéphane Lapointe, 2014 - ©Films Séville)

Robin Aubert et Michel Côté dans Les maîtres du suspense (Stéphane Lapointe, 2014 – ©Films Séville)

« Pour faire une bonne intrigue, il faut des personnages forts » de dire en substance Michel Côté/Hubert Woolfe. Or des personnages forts, c’est – entre autre – ce qui fait défaut dans Les maîtres du suspense. Car si Robin Aubert en looser sympathique se tire relativement bien d’affaire dans cette comédie policière à gros budget, on ne peut en dire autant de ses acolytes. Accompagnant Aubert dans ces infortunes d’écrivains en mal d’inspiration, Antoine Bertrand nous rejoue le gentil mais un peu simplet fils de famille au grand cœur, tandis que Michel Côté donne quelques couleurs nouvelles au personnage de Jean-Jacques, le perroquet arrogant qu’il incarnait déjà dans Cruising Bar.

Plongés dans une histoire aux soubresauts tantôt prévisibles tantôt mal exploités, ces trois visages du mâle québécois en déroute ont hélas bien du mal à donner à leur épopée louisianaise des allures captivantes. Rempli de symboles déjà vus (la famille éclatée, l’absence du père, l’ogre maternel et j’en passe) ou de moments de suspense déconnectés d’une quelconque idée de réalisme, le scénario repose en grande partie sur la notoriété de ses comédiens pour attirer le chaland. Il nous offre des dialogues bien souvent insipides et ne sait tirer partie du décalage procuré par le personnage incarné par Antoine Bertrand. En dehors de quelques répliques bien senties, et elles sont très rares, le texte est trop pensé, trop écrit et semble totalement plaqué (un problème de fond de la plupart de nos productions commerciales). En outre, le film ne parvient jamais à exploiter adéquatement le côté mystérieux des décors naturels des bayous louisianais. Et même si quelques scènes de rites vaudous sont filmées avec allant, l’ambiance générale est plutôt amorphe pour ne pas dire ennuyeuse.

À l’instar de bon nombre de comédies québécoises récentes (Le vrai du faux souffre des mêmes maux), Les maîtres du suspense est une farce très inégale qui se contente d’aligner sans trop de cohérence des rebondissements farfelus enrobés de one-liners sans réelle profondeur.

Les maîtres du suspense – comédie – Québec, 2014, 1h41 – un écrivain renommé en manque d’inspiration fait appel à son nègre habituel pour terminer un nouveu roman. Mais le sous-traitant se voit à son tour dans l’obligation de déléguer le travail. Ils vivront tous les trois des aventures rocambolesques pour mettre au monde ce suspense très attendu – Avec: Michel Côté, Robin Aubert, Antoine Bertrand, Maria de Medeiros – Scénario et réalisation: Stéphane Lapointe – Production: Item 7 – Distribution: Films Séville

Ma note: 

Les notes :

★★★★★ Excellent
★★★★ Très bon
★★★ Bon
★★ Moyen
Mauvais

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