Films du Québec

Gagne ton ciel (The Cost of Heaven) est une drame mâtiné de suspense réalisé par Mathieu Denis (Corbo) sur un scénario qu’il a cosigné avec Alexandre Auger (Les barbares de La Malbaie, Bungalow, Folichonneries). Drame inspiré d’un fait divers, le film relate la chute vertigineuse d’un homme bien sous tous rapports, obsédé à l’idée de bien paraître aux yeux des autres.

Présenté en première mondiale lors de la 50e édition du Festival international du film de Toronto, Gagne ton ciel s’est vu remettre le Prix du meilleur long métrage de langue française lors du Cinéfest de Sudbury en septembre 2025. La première québécoise a eu lieu lors de la 31e édition du Festival Cinemania. La date de sortie en salle au Québec est prévue pour le 23 janvier 2026.

Notes du cinéaste

La construction dramatique de Gagne ton ciel tourne principalement autour du matériel et des pressions que la nécessité de l’accumuler causent sur chacun d’entre nous. Ce n’est pas un hasard. J’avais envie à travers ce film, d’aborder de front ce qui me semble être une tendance lourde dans le monde dans lequel nous vivons l’érosion graduelle d’un système de valeurs complexe au profit d’un autre système qui ne repose, lui, que sur une seule et unique valeur en voie de triompher sur toutes les autres : le matérialisme.

Rien n’est jamais parfait, évidemment, mais selon tous les standards de comparaison, Nacer Belkacem mène une vie qui ne devrait pas lui faire honte. Il est un père de famille et un époux attentionné ; il joue un rôle actif dans sa communauté ; il est apprécié de ses amis ; il occupe un bon emploi. Et pourtant, il semble constamment lui manquer quelque chose. Il est habité par le sentiment qu’il n’en a pas assez, qu’il n’en fait pas assez. Qu’il n’est pas assez.

Cette image déformée qu’il a de lui-même lui est renvoyée directement par le monde dans lequel il vit. Par le monde dans lequel nous vivons en ce moment. Qui considère encore qu’il suffit d’être un bon père de famille, un mari attentionné, un ami fiable, une présence positive dans sa communauté pour considérer que l’on en a fait assez ? On a beau se convaincre que c’est le cas, nous demeurons en même temps aux prises avec une certaine conscience, intériorisée ou pas, que ce n’est pas de là que vient la vraie reconnaissance, dans le regard des autres, que l’on a « réussi » dans la vie. On ne se l’avouera peut-être pas, mais on se fera néanmoins constamment rappeler que la voiture que l’on conduit, la maison que l’on habite, les biens que l’on possède sont les vrais barèmes qui servent à établir le niveau de réussite sociale d’un individu.

Le problème avec un monde qui exalte ainsi le matérialisme, c’est qu’il fait de l’acquisition de biens et de richesses une fin qui justifie tous les moyens. Peu importe comment on arrive à cette fin, l’important c’est d’y arriver. Mais où, exactement, essaie-t-on de se rendre?

Les notes ci-dessus sont extraites sans modification du dossier de presse de Gagne ton ciel, fourni par Maison 4:3.