Dans 2 temps 3 mouvements, son premier film en tant que réalisateur, Christophe Cousin a choisi d’illustrer les diverses facettes de l’absence. Des manquements qui peuplent la vie de Victor, jeune d’origine française traîné au Québec par sa mère en fuite d’on ne sait trop quoi, et qui sera témoin – sinon plus – d’un accident mortel dans son école. Avec de tels personnages, plombés par des lacunes affectives et émotionnelles profondes, en plus de souffrir d’incommunicabilité chronique, Cousin traçait la voie à une histoire plutôt intéressante, l’une des rares en tout cas à traiter du mal-être dans une famille d’immigrants et de la difficulté de « fitter » dans une nouvelle patrie.
Mais malgré un début prometteur et des personnages porteurs, 2 temps 3 mouvements ne parvient que partiellement à convaincre. Le problème se situe à plusieurs niveaux, le plus pénalisant étant un scénario confus à force de multiplier les sous-intrigues. Le tout finit par ressembler à un casse-tête dont les morceaux épars ne parviendraient jamais à se regrouper pour former une image claire. La mort du camarade de classe et le déni qu’elle entraîne ne nous paraissent pas suffisamment exploités. L’amourette avec la gentille Isabelle (Philomène Bilodeau) tombe à plat, la recherche d’amitié avec un autre élève de la classe (Antoine L’Écuyer) ne livre guère de clés pour comprendre. Et que dire de la figure de la mère (Aure Atika) si ce n’est que ce personnage pourtant essentiel n’est quasiment pas approfondi.
Il faut reconnaitre à Christophe Cousin sa capacité d’avoir su transmettre par les silences et les non-dits l’essence de son intrigue, tout en gardant une forte dose de mystère qui sied bien à l’adolescence, période évanescente s’il en est une. Cousin a choisi la distanciation pour traiter son sujet et modeler des silhouettes à la charge émotionnelle importante en les regarder plus qu’en les expliquant. Le scénario aux dialogues peu nombreux illustre donc l’incompréhension mutuelle qui façonne leur désarroi et les positionne quelque part entre défaitisme et rébellion.
Cependant, à vouloir trop rester cloîtré dans le mystère, 2 temps 3 mouvements ne parvient qu’en de rares occasions à créer de lien de connivence ou de proximité avec le spectateur. Laissant une nette impression de froideur, le film ne distille que très peu d’émotions, même dans ses moments les plus intimes.
2 temps 3 mouvements – drame psychologique – France-Québec, 2013, 1h26 – un adolescent d’origine française est témoin d’un suicide dans son école. Il tente alors d’en savoir plus sur la victime – Avec: Zacharie Chasseriaud, Aure Atika, Antoine L’Écuyer – Scénario et réalisation: Christophe Cousin – Distribution: Axia Films
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