[Critique] Amsterdam: Trois hommes et un mensonge

Dans Amsterdam, Miljevic explore les effets d’une spirale infernale qui emporte avec elle trois amis après une partie de pêche buissonnière. L’interprétation du trio de tête est habile, le développement de leurs aventures l’est beaucoup moins.

Louis Champagne est Marc dans le film Amsterdam (Stefan Miljevic, 2013 - Attraction Images - Films Séville)

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On le sait, lorsque les affaires vont mal, les vieux démons ressortent toujours et la belle complicité qui régnait en maîtresse jusque-là finit par éclater. Dans Amsterdam, c’est donc toute la mécanique du mensonge et du repli sur soi qui est exploitée ici, après que la parfaite embrouille ait tourné au vinaigre et ait pris des proportions incontrôlables. Devant une telle dérive de leurs certitudes, obligés de mentir à leurs blondes et à eux-mêmes, il n’en fallait pas moins à nos comparses pour que leur amitié de longue date – aussi solide soit-elle – en prenne pour son grade. Les mensonges s’enchaînent les uns aux autres, entraînant avec eux leur lot de surprises, de désillusions et de trahisons. Comme quoi, quand on veut aller fumer des joints à Amsterdam à l’insu de sa blonde, mieux vaut s’en tenir au plan initial.

Comme souvent, la qualité et la sincérité de l’interprétation parviennent à sauver les écarts d’un scénario trop mince. Saluons donc Aubert, Champagne et Sabourin pour avoir su faire preuve d’une complicité palpable permettant de rendre relativement crédibles les très nombreuses péripéties du trio. Certes, la dégradation de leurs relations est adroitement écrite, contenant même des imbrications astucieuses, mais c’est surtout l’interprétation qui sauve la mise. Car si l’escapade hollandaise – en gros la première demi-heure – est plutôt convaincante et adroite, il en va tout autrement du reste du film.

Car, hélas, passé cette prémisse intéressante, le scénario perd par la suite toute forme, même la plus lointaine, de crédibilité. Parce qu’il a voulu compliquer son histoire sans raison, Miljevic filme alors une intrigue policière grossière, où les invraisemblances et les raccourcis foisonnent. On a donc bien du mal à comprendre une telle impuissance de la police à mettre au jour une supercherie aussi grosse qu’elle a du laisser suffisamment de traces. L’aspect thriller psychologique s’effrite trop vite et ne résume le film qu’à la longue suite de rebondissements qui manquent d’approfondissement, à l’instar de personnages féminins, à peine esquissés.

Au final, malgré un départ de belle facture bénéficiant d’une photographie habile, les péripéties hâtives et peu crédibles de ces chums malmenés par leurs mensonges s’avèrent difficilement convaincantes.

Amsterdam – Québec, 2013, 1h47 – Trois amis s’envolent pour une fin de semaine endaiblée à Amsterdam à l’insu de leur femme. Mais le plan a des ratés et ils doivent alors mentir pour couvrir leurs actes. Leur amitié en prendra un sale coup – Avec: Gabriel Sabourin, Louis Champagne, Robin Aubert, Suzanne Clément, Fanny Mallette – Scénario et Réalisation: Stefan Miljevic – Production: Antonello Cozzolino et Josée Vallée – Distribution: Les Films Séville

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★★ Moyen
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