Films du Québec

Julie Gayet dans L’autre maison (Mathieu Roy, 2013)

C’est dans la vie personnelle de Mathieu Roy qu’il faut chercher pour trouver la prémisse à L’autre maison, premier long métrage de fiction du réalisateur et coauteur. Son frère, le journaliste Patrice Roy, et son père, le journaliste et diplomate Michel, décédé en 2011 à l’âge de 82 ans, lui ont sans doute dicté les contours des personnages de Henri, le père (Marcel Sabourin) et de Gabriel, reporter établi à Paris (Roy Dupuis).

À partir de ces bases autobiographiques, Roy a composé un drame portant une lourde charge émotive, qui affiche clairement ses ambitions, à la fois par l’utilisation d’un casting prestigieux, mais aussi à travers une réalisation léchée et une direction artistique de belle facture.

Le scénario aborde de front les conséquences de la maladie sur Henri, ainsi que celles qui affectent ses proches, en l’occurrence ses deux fils. Hélas, malgré ses louables intentions de départ, le film se perd assez vite dans les multiples drames personnels que vivent les membres de cette famille mal assortie. Les crises sont parfois excessives, les détours de l’histoire se font trop longs et l’apaisement final nous a semblé un peu plaqué. Un portrait trop riche et trop fiévreux qui aurait largement bénéficié d’être moins éparpillé dans l’espace.

À l’instar de Jacques Godin dans La dernière fugue, Marcel Sabourin, dont l’interprétation lui valut un prix au FFM, dresse le portrait tout en finesse d’un vieillard qui s’enferme peu à peu dans son « autre maison ». Dans une distribution inégale, dont certains effets ont des allures de psychodrame, il est le seul à tirer son épingle du jeu. Notons toutefois la beauté des images de Steve Asselin, cadrant adroitement Henri dans les errances de sa maladie, que la métaphore assimile ici aux dédales d’une forêt dense et mystérieuse. Ces scènes sont les plus beaux moments de L’autre maison, un drame chargé d’émotions mais à demi convaincant seulement.