[Critique] Ce qu’il ne faut pas dire : l’insoutenable légèreté de l’amour

Ce qu’il ne faut pas dire de Marquise Lepage est une comédie sentimentale qui a choisi de prendre son sujet la légère, histoire de dédramatiser les blessures psychologiques dont souffre son protagoniste principal. Si l’on rit du naturel de certaines situations, le résultat parvient difficilement à capter l’attention.

Photo prise lors du tournage du film Ce qu'il ne faut pas dire (2015, réalisé par Marquise Lepage)

Photo de tournage du film Ce qu’il ne faut pas dire (2015, Marquise Lepage)

Pour mener à bien Ce qu’il ne faut pas dire, Marquise Lepage a troqué l’absence de moyens par une surdose de ténacité. Après plusieurs années de gestation, elle nous livre une comédie sentimentale frivole qui prend l’amour à la légère, faisant ainsi un pied de nez à la blessure psychologique dont souffre Annick, son protagoniste principal, incarné avec aplomb par Annick Fontaine. Des amants, la jeune femme en aura. Beaucoup. Des jeunes, des moins jeunes, des hommes mariés, des artistes ou des sportifs. Mais, de peur de s’engager, Annick limitera ses ébats au statut d’aventure d’un soir, comme pour mieux s’en tirer avec de petits arrangements plutôt que de conjurer une fois pour toutes les sorts qui l’accablent. Jusqu’au jour où l’une de ses conquêtes s’avère plus insistante.

Malgré un sujet plutôt sombre (une terreur maladive pouvant mener jusqu’à vouloir en finir), le scénario est cavaleur, misant le plus clair de ses ressources sur la dérision et l’humour. Mais si on sourit en effet devant la spontanéité de quelques scènes ou dialogues, on ne peut mettre de côté la faiblesse de l’intrigue et l’énorme sensation de vide qu’elle procure. Des saynètes rigolotes de contrariétés ou de joies amoureuses s’enchaînent les unes aux autres, des entrevues statiques répétitives tentent de définir le mystère, mais n’apportent finalement rien que l’on ne sache déjà, et la romance primesautière d’Annick et de Christian paraît un peu fade. À force de rester dans la superficialité, le film peine à donner profondeur et existence à des personnages par ailleurs trop peu définis. De plus, malgré un intéressant potentiel dramatique, le trauma intérieur vécu par Annick n’est pas vraiment exploité et semble au final bien mince pour justifier son comportement. Si l’on doit saluer la force de caractère qu’il a fallu pour porter ce projet à bouts de bras, on ne peut en revanche oublier la minceur du résultat.

Ce qu’il ne faut pas dire – Québec, 2015, 1h26 – Annick a l’air d’une jeune femme dans la trentaine parfaitement normale. Elle souffre pourtant d’une anomalie étrange : elle ne supporte aucune déclaration d’amour… – Avec: Annick Fontaine, Christian Michaud, Tova Roy, Édith Paquet, Ansie St-Martin – Scénario, Réalisation et Production: Marquise Lepage

Ma note: 

Les notes :

★★★★★ Excellent
★★★★ Très bon
★★★ Bon
★★ Moyen
Mauvais

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