[CRITIQUE] Flashwood: Portrait de groupe avec dames

Regard tendre et amusé sur l’amitié et la banlieue. Sans réel fil conducteur, le film dilue ses quelques bons moments dans un ensemble trop inégal

Flashwood - Pier-Luc Funk tient le visage d'Antoine Desrochers et le regarde droit dans les yeux
Flashwood – Pier-Luc Funk et Antoine Desrochers (dist. Entract Films)

Filmer ses sujets sur une période de plusieurs années et tenter ainsi de déceler leurs changements affectifs, émotionnels ou des transformations plus concrètes qui surviendraient dans leur vie, est une façon unique, presque irréelle, de mieux saisir les mutations profondes d’un être, ses démultiplications même, dans l’évocation en accéléré de son passage d’un âge à un autre, d’un état à un autre. D’un point de vue psychologique, c’est une expérience d’autant plus fascinante qu’elle est rare.

Quelques portions dignes d’intérêt émergent de Flashwood, dans lequel l’acteur Jean-Carl Boucher a mis en scène plusieurs de ses amis au cours de phases de tournages étalés sur sept ans. Se dégage un regard tendre et parfois amusé sur l’amitié, et l’illustration sincère des problèmes amoureux et professionnels de la jeunesse. Ressort également une modeste représentation de la  banlieue, morose et anonyme, propice à égratigner les rêves et faire basculer de l’autre côté de la barrière un jeune sans modèle valable.Des images d’archives initiales à la drague au bord de la piscine en passant par les tentatives désespérées de Pier-Luc Funk d’organiser sa gang de désherbeurs amateurs sont autant de sympathiques séquences de lâcher-prise, filmées sans grands moyens dans un style libre et naturel. La leçon de choses donnée par le philosophe Martin Dubreuil au ti-gars qui se cherche constitue aussi un moment appréciable.

Boucher laisse la bride sur le coup à ses comédiens, qu’il connaît sûrement comme sa poche, tout en essayant de garder un minimum de contrôle sur son portrait de groupe avec dames. Hélas, les quelques qualités de l’ensemble sont effacées par des passages déconnectés, insignifiants ou tombants complètement à plat (l’achat du vélo, l’ahurissante bagarre dans le bois, la casse dans une maison cossue, le congédiement, entre autres). Sans même parler de la vulgarité des dialogues. Limité par un scénario dont on a l’impression qu’il a été élaboré au moment de filmer les séquences finales, Flashwood manque cruellement de fil conducteur et finit par disparaître dans l’air humide d’un été chaud de la Rive-Sud.

Flashwood РQu̩bec, 2020, 1h32 Рsur une p̩riode de sept ans, les ̩mois sentimentaux et les probl̬mes professionnels de cinq amis vivant en banlieue de Montr̩al РAvec: Pier-Luc Funk, Antoine Desrochers, Simon Pigeon РSc̩nario et R̩alisation: Jean-Carl Boucher РProduction: GO Films, Jean-Carl Boucher РDistribution: Entract Films

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★★ Moyen
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