[Critique] Le rire: la vie est belle

Confirmation du désir du cinéaste de nous entraîner dans des récits inusités et audacieux. Une petite touche de simplicité n’aurait pas été superflue.

Image de l'actrice Léane Labrèche-dor dans le film "Le rire" de Martin Laroche
Léane Labrèche-dor dans « Le rire » de Martin Laroche

Martin Laroche a le tour de plonger le spectateur dans des sujets complexes, chargés de mystères et, somme toute, sachant se démarquer de l’ordinaire du cinéma québécois. Le rire, son cinquième long métrage, en est la preuve la plus belle. Après une ouverture d’une rare force émotionnelle, le réalisateur de Tadoussac se livre à une réflexion philosophique sur la vie, ses petits et grands malheurs et sur l’indispensable recherche de bonheur coûte que coûte puisque « The show must go on ». Outre l’étude sur la nécessité de garder le moral face à la mort, le réalisateur livre également un regard, non exempt de critique, sur des vies qui, dans un chaos plus ou moins organisé, ne font plus vraiment sens. Futilité, absence de bonté et déchéance physique sont au coeur du quotidien de Valérie, jeune femme marquée par la mort qui tente de ne pas se laisser enterrer par les conséquences du drame incompréhensible dont elle a réchappé de justesse.

En dépit de son sujet plutôt lourd à porter, Le rire reste dans la sobriété. Mais, en raison de l’imbrication assumée d’éléments factuels représentés par la vie de Valérie au CHSLD à un univers post-apocalyptique campé au sortir d’une – inexpliquée et inexplicable – guerre civile, son récit déstabilise plus souvent qu’autrement. Et ne captive finalement que très peu. D’autant plus que les questionnements sont trop nombreux et que les pièces qui composent cet étrange puzzle sont de force inégale. Certaines saynètes sont très réussies (l’ouverture, la scène de réprimande dans le bureau de la directrice, les interactions entre Valérie et Jeanne), d’autres sont beaucoup plus faibles ou peinent à s’imbriquer de manière organique (la jeune femme dans la chambre, l’intrusion répétée du personnage de la Présidente, le monologue comique à la fin, entre autres). Sans parler des longueurs et des dialogues qui en disent parfois un peu trop.

Reste que sur le plan de la réalisation, le film affiche une facture soignée parfaitement maîtrisée, due en premier lieu aux images de Mathieu Laverdière avec ses plans ingénieux et ses cadrages inusités. Pour sa part, la distribution est bien dirigée, avec Léane Labrèche-Dor convaincante, Micheline Lanctôt très drôle, et Alexandre Landry naturel. En somme, Le rire confirme le désir du cinéaste de nous entraîner dans des récits audacieux, mais cette fois, il lui manque une petite touche de simplicité pour vraiment parvenir à convaincre.

Le rire – Québec, 2020, 2h04 – après avoir survécu par miracle à une guerre civile, une jeune préposée aux bénéficiaire d’un CHSLD tente de continuer à vivre – Avec: Léane Labrèche-Dor, Micheline Lanctôt, Alexandre Landry – Scénario et Réalisation: Martin Laroche – Production: La Boîte à Fanny – Distribution: Maison 4:3

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