[Critique] Pour que plus jamais : ni queue ni tête

Un résultat d’autant plus incompréhensible qu’avec plus d’un million de dollars de budget, Mme Barbancourt bénéficiait d’un budget que bien des films québécois indépendants n’ont pas.

Marie Ange Barbancourt et Natacha Noel dans Pour que plus jamais

Marie Ange Barbancourt et Natacha Noel dans Pour que plus jamais

Utiliser ses propres souffrances pour faire un film de fiction est une aventure périlleuse. Marie Ange Barbancourt a perdu son père puis sa mère en 2009 en Haïti dans des circonstances atroces. À partir ce cette tragédie personnelle, elle a tenté dans Pour que plus jamais, projet initié quelques mois à peine après le drame, de dresser un portrait de son pays d’origine et l’état de non-droit qui y a encore pignon sur rue.

Toutefois, au cinéma comme ailleurs, la colère est rarement de bon conseil. Et hélas pour Marie Ange Barbancourt, il ne suffit pas de vouloir faire du cinéma pour faire un film. Malgré toute la sincérité de son projet et en dépit de l’engagement de son équipe, ce qu’elle nous donne à voir ne se résume qu’à un lamentable ratage. Faisant montre d’un amateurisme total dans ses composantes techniques, le film est aussi plombé par un scénario manichéen aux personnages nullement dessinés, vaguement interprétés par des comédiens laissés à eux-mêmes. La bande sonore est inaudible la moitié du temps, la musique omniprésente tape sur les nerfs, le montage n’a aucune consistance… même les sous-titres ont des erreurs ou défilent trop vite.

Un résultat d’autant plus incompréhensible qu’avec plus d’un million de dollars, Mme Barbancourt bénéficiait d’un budget que bien des films québécois indépendants n’ont pas. Une telle somme devait être investie dans une équipe technique digne de ce nom, ce qui ne semble visiblement pas le cas ici. Au final, les défauts techniques s’avèrent tellement gros qu’on s’étonne que personne n’ait osé tirer la sonnette d’alarme.

Mais au fond, bien plus que les intentions initiales et au-delà de sa médiocrité, le film de Marie Ange Barbancourt pose un épineux casse-tête aux amateurs et analystes de cinéma québécois. Sa sortie en salles est un cas de figure de plus venant démontrer l’absence totale de cohérence dans la distribution de notre cinéma. À l’heure où les salles de répertoire sont de moins en moins nombreuses et tandis que de nombreuses productions québécoises ne parviennent pas à trouver ne serait-ce qu’une petite salle, il est presque choquant de constater que ce non-film ait réussi à s’accaparer six ou sept écrans de la Province.

Pour que plus jamais – drame – Québec, 2013, 1h28 – Une montréalaise d’origine haïtienne retourne dans son pays à la mort de sa mère. Elle doit faire face à la corruption et la violence pour récupérer la terre familiale rachetée par un riche propriétaire – Avec: Marie Ange Barbancourt, Jacquy Bidjeck, Natacha Noël – Scénario et réalisation: Marie Ange Barbancourt – Distribution: ZMA Films

Ma note: 

Les notes :

★★★★★ Excellent
★★★★ Très bon
★★★ Bon
★★ Moyen
Mauvais

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