[Critique] Un ours et deux amants : la ballade des amoureux transis

Converti à l’irréel, Two Lovers and a Bear parvient à accompagner ses protagonistes vers une finale indubitable, presque naturelle, offrant ainsi une poignante illustration de la chimie fusionnelle unissant à jamais ce couple sacrifié.

Tatiana Maslany et Photo officielle du film Two Lovers and a Bear Dane DeHaan sont sur un Skidoo / Crédit Photo: MaxFilms

Tatiana Maslany et Dane DeHaan sont sur un Skidoo / Crédit Photo: MaxFilms

Après les marécages de l’Europe de l’Est, les dunes nord-africaines ou les dédales souterrains de Montréal, Kim Nguyen continue ses périples improbables en explorant cette fois dans le Grand Nord les méandres de destins de deux jeunes blancs au passé inconnu, minés par de profonds troubles intérieurs dans une immensité aussi belle qu’étrange, indifférente au malheur des autres. Romance shakespearienne plongée dans ces lieux chargés de métaphores,  Two Lovers and a Bear (Un ours et deux amants) repose en grande partie sur l’habileté de Nguyen à brouiller les cartes, ajoutant au drame sentimental, tragique, mais à la prémisse très classique, une touche de fable remplie de mystères, d’hallucinations et de merveilles naturelles. Pour rendre compte de l’univers fascinant qu’est le cercle polaire et l’enfermement que l’on peut y ressentir malgré son infinité, quoi de mieux que d’évoquer la fuite en avant de ce couple à l’émouvante fatalité en faisant écho aux légendes allégoriques, aux fantômes persistants ou bien en séquestrant cet amour impossible dans un bunker propice aux horreurs les plus inimaginables.

Un mélange des genres et des styles qui déstabilise de prime abord, mais qui parvient dans sa seconde partie à trouver un rythme propre situé quelque part entre réalité et fantasme et à déployer une palette unique, doucement teintée d’amertume et de noirceur. Converti à l’abstraction, Two Lovers and a Bear arrive alors à accompagner ses comédiens vers une finale indubitable, presque naturelle, offrant au spectateur une poignante illustration de la chimie fusionnelle unissant à jamais ce les amants sacrifiés. Immergé dans les splendides étendues glacées, que la direction photo de Nicolas Bolduc magnifie comme personne, ce sixième long métrage de Kim Nguyen laisse la place à une fable moderne sur la passion, qui, malgré sa déroutante alchimie et bien qu’un peu trop transparent dans les portraits troubles de ses protagonistes, possède du début à la fin un souffle tragique qui résonne encore longtemps après la sortie de la salle.

Two Lovers and a Bear – Canada-Québec, 2016, 1 h 36 – Dans un village isolé de l’Arctique, Roman et Lucy, deux âmes torturées, vivent une vibrante passion amoureuse – Avec: Dane DeHaan, Tatiana Maslany – Scénario: et Réalisation: Kim Nguyen – Production: Roger Frappier, Jonathan Bronfman, Ellen Hamilton – Distribution: Les Films Seville

Ma note: 

Les notes :

★★★★★ Excellent
★★★★ Très bon
★★★ Bon
★★ Moyen
Mauvais

Contenus similaires

Qui sommes-nous ?

Né en décembre 2008, Films du Québec est un site d'information indépendant, entièrement dédié au cinéma québécois de fiction. Films du Québec contient les fiches détaillées des films québécois, des actualités, des critiques et des bandes annonces et bien plus.
Création et administration : Charles-Henri Ramond, membre de l'Association québécoise des critiques de cinéma.

Catégories

Archives