WhiteWash : le genre que j’ai rajeuni

Dans le genre « films de genre qu’on aime », voici Whitewash, d’Emanuel Hoss-Desmarais. Un premier long qui en dit long.

Thomas Haden-Church dans Whitewash d'Emanuel Hoss-Desmarais

Thomas Haden-Church dans Whitewash d’Emanuel Hoss-Desmarais (©Films Séville)

Une rue de banlieue résidentielle comme on en connait tant, l’hiver et ses vicissitudes et une petite chenillette jaune.  Whitewash affirme dès les premières images ses origines québécoises. La nuit, l’alcool, un meurtre que l’on cache à la hâte. En à peine trente secondes, Hoss-Desmarais et son coauteur Marc Tulin dressent la table à ce qui sera, croit-on, une intrigue policière plongée dans l’hivernale torpeur du Fargo des frères Cohen.

Si le film fonctionne c’est que, sous des allures de thriller classique arborant fièrement sa noirceur et sa simplicité, se cache une étude approfondie de deux êtres solitaires, faisant face à la trahison et la culpabilité. Étude qui permettra, une fois l’intrigue policière mise de côté (nous connaissons le coupable à peine assis), de se concentrer sur l’analyse des événements amenée par des retours en arrière au crescendo adroit. Nous en saurons plus sur les jeux de pouvoir qui vont petit à petit lier les personnages entre eux, et qui permettront de nous faire apprécier mieux encore leur relation torturée par les apparences et la duperie.

Tout en insistant sur l’ambigüité des interactions, on se laisse prendre au jeu des auteurs qui s’amusent – malgré la noirceur du sujet – à déjouer la diégèse prévisible de leur sujet. Si la tension dramatique est bien présente, elle s’appuie sur une teinte de comédie noire des plus savoureuses. Ici, le rire repose en partie sur les épaules de Marc Labrèche qui tient à bras le corps son rôle décalé, sorte de looser pique-assiette exécrable. Prenant peu à peu le dessus sur son sauveteur, et finissant même par ne rien mériter d’autre que son triste sort, Labrèche livre une performance haute en couleurs, à la limite de la dérision.

Face à lui, la présence imposante du comédien américain Thomas Haden Church habite à merveille la peau d’un divorcé alcoolique sombrant progressivement dans l’isolement. Bien à l’abri de son outil de travail (l’instrument de la mort), cet être tenaillé entre rédemption et déni, devient l’antihéros parfait doté d’un instinct de survie complexe le menant irrémédiablement vers la folie. La forêt, superbement photographiée par André Turpin, dont les arbres tout en verticalité ressemblent à autant de barreaux d’une prison de laquelle on ne sort pas, peuple elle aussi cette histoire radicalement différente des traditionnels films de genre.

À sa façon, Whitewash est une agréable surprise qui redonne de belles couleurs à la série B québécoise.

Whitewash – Thriller psychologique – Québec, 2013, 1h28 – Un déneigeur meurtrier se terre dans les bois avec sa chenillette après son crime. La forêt qui l’entoure devient le refuge de son remords. – Avec: Thomas Haden Church, Marc Labreche – Scénario et réalisation: Emanuel Hoss-Desmarais – Production: Luc Déry et Kim McCraw – Distribution: Films Séville

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