[Critique] You Can Live Forever : l’amour est dans le pré

Même s’il peut paraître un peu trop sage, ce premier long métrage tout en retenue offre une jolie petite histoire d’amour, mélancolique et apaisante.

de gauche à droite : Lenni-Kim Lalande (Simon), June Laporte, (Marike), Anwen O’Driscoll (Jaime), Xavier Roberge (Marc-Olivier) dans YOU CAN LIVE FOREVER - Photo de Gayle Ye
de gauche à droite : Lenni-Kim Lalande (Simon), June Laporte, (Marike), Anwen O’Driscoll (Jaime), Xavier Roberge (Marc-Olivier) dans YOU CAN LIVE FOREVER. Photo de Gayle Ye

Sarah Watts a grandi en étant homosexuelle dans une communauté de Témoins de Jéhovah. Si le récit de You Can Live Forever n’est pas autobiographique, il bénéficie néanmoins de l’expérience de la coscénariste et coréalisatrice en ce qui a trait à la religion d’une part, et, d’autre part, en ce que cela implique de vivre « différente Â» dans une communauté peu encline à accepter ce genre de fait.

Voilà sans doute pourquoi le film repose parait aussi nuancé et équilibré et qu’il ne se contente pas de dénoncer l’intolérance de personnes obtuses ou la liberté des gays. Ici, pas de bien ni de mal, pas de bons ni de méchants. Cela se ressent dès les premières minutes du film, lorsque Jaime – jeune femme de son temps qui ne croit pas en l’existence de Dieu – arrive chez sa tante et son oncle, elle se sent étrangère, mais est tout de même en terrain affectueux. Bien qu’elle comprenne implicitement qu’elle devra faire preuve de respect envers ses hôtes, elle n’est pas pour autant rejetée.

Tout au long du film, plusieurs situations et observations viendront conforter l’idée de neutralité adoptée par les auteurs. Cette balance des sentiments se retrouve aussi dans la finesse des portraits de ces deux amoureuses interdites, placées à un tournant de leur vie. À la fois dans leur douleur intérieure et dans la délicatesse de l’arc dramatique faisant évoluer leur relation, qui, on le sait d’avance, n’aura pas autre chose qu’une issue douloureuse. D’abord parce que l’une est étrangère aux préceptes des Jéhovah et que l’autre est invariablement remise dans le bon sens de la foi par son père.

Ce terreau tragique aurait pu donner lieu à une explosion de douleur, de drame, de colères et de larmes. Or, on se sent souvent beaucoup plus proche du traditionnel récit de passage à l’âge adulte que du mélodrame sentimental passionné. Des larmes, il y en a bien, mais Slutsky et Watts se réservent le droit à la pudeur et à la réserve. Ils se permettent même une certaine légèreté, en multipliant les scènes de complicité, de bonheur simple partagé à deux. Même les contacts charnels se résument à de tendres quoique passionnés baisers.

La mise en scène toute simple, mais évocatrice, est à l’avenant du scénario. Les images évocatrices et de superbes plans d’ensemble de la paisible nature du Saguenay font de You Can Live Forever une jolie petite histoire d’amour, mélancolique et apaisante. Certes, le film semble parfois un peu trop sage et son ancrage dans les années 1990 – de rares accessoires, quelques véhicules – n’amène rien à l’histoire. Toutefois, malgré ces aspérités minimes, voilà un galop d’essai convaincant qui a également à son actif les performances sensibles de deux jeunes actrices attachantes : l’Ontarienne Anwen O’Driscoll (la télésérie Burden OF Truth) et l’Américaine June Laporte (le téléfilm Web Of Dreams).

You Can Live Forever – Québec, année, durée – resumefilm – Avec: Anwen O’Driscoll, June Laporte, Liane Balaban, Antoine Yared – Réalisation et Scénario: Sarah Watts, Mark Slutsky – Production: Prospector Films – Distribution: Métropole Films

Ma note: 

Les notes :

★★★★★ Excellent
★★★★ Très bon
★★★ Bon
★★ Moyen
Mauvais

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