Frontières – Film de Guy Édoin

Pour son cinquième long métrage, le réalisateur revient sur les terres familiales, là où il avait tourné Marécages en 2010.

https://www.filmsquebec.com/wp-content/uploads/frontieres_guy-edoin_affiche.jpg

Cinquième long métrage de Guy Édoin, Frontières a été tourné sur les terres familiales du réalisateur, tout comme le fut Marécages, son puissant premier long sorti en 2011. Lequel se retrouve ici dans plusieurs scènes hyperréalistes illustrant le quotidien d’une exploitation agricole, auxquelles s’ajoutent – une première pour le cinéaste – des accents de suspense d’épouvante mettant la protagoniste aux prises avec des apparitions fantomatiques inquiétantes. Cette dernière est incarnée par Pascale Bussières, qui collabore avec Édoin pour la troisième fois.

Présenté en première mondiale lors des Rendez-vous Québec Cinéma, Frontières sort en salle le 3 mars 2023.

Entrevue avec le réalisateur

Pouvez-vous nous parler des différentes frontières auxquelles le film fait référence ?

Il y a d’abord la frontière physique : j’habite à six kilomètres de la frontière avec les États-Unis. Il y a aussi la frontière entre le bien et le mal, et la frontière entre la paranoïa de Diane et la réalité. Le film se tient en équilibre sur cette fine ligne : Diane a-t-elle sombré dans la folie ou pas ? Enfin, le film s’intéresse à la frontière qui sépare les vivants des morts. La scène finale, qui se déroule entre la cuisine et le salon, représente bien l’idée de cette frontière. La cuisine incarne le monde des vivants et le salon celui des morts. À la fin, quand Diane revient dans la cuisine auprès de sa mère, elle choisit de revenir chez les vivants. Dans l’univers de Frontières, les fantômes existent.

Pourquoi avoir décidé de nous plonger dans le monde des non-vivants ?

Cette idée appartient aussi à la genèse du projet. La maison ici a 200 ans. Mon grand-père est mort dans la maison, ainsi que mon arrière-grand-mère et mon arrière-grand-père. Je trouvais qu’il y avait des choses intéressantes à explorer en mettant les personnages en rapport avec des fantômes.

Au cœur de cette histoire familiale, le film décline sous plusieurs formes l’idée du deuil, un thème majeur dans votre cinématographie. Pourquoi avez-vous de nouveau abordé ce thème?

Je dirais que je ne veux pas nécessairement aborder le thème du deuil. C’est plutôt le thème qui vient me chercher. Ce qui m’intéressait surtout, c’était d’explorer tous les mécanismes que Diane met en place pour se protéger, et ne pas faire son deuil. Les autres thèmes contenus dans le film résonnent aussi avec ceux de mes films précédents : la ruralité, les relations familiales. Ces thèmes me rattrapent chaque fois, et il serait difficile de m’en éloigner.

Dans le film, vous laissez planer le doute. Diane imagine-t-elle des choses, ou la maison est-elle vraiment hantée ? Il y a une scène clé vers la fin du film qui nous apporte la réponse. C’était voulu de dissiper le doute du spectateur ?

Depuis le début, tout le monde pense que Diane imagine des choses, qu’elle a perdu la raison. Diane croit aux fantômes, mais elle vit dans la maison où se produisent des manifestations. Julie, sa sœur est sensible à ça, mais Carmen qui n’y croit pas. Angèle, sa mère, va vivre quelque chose qui va l’amener à penser autrement. Le scénario a été construit de telle sorte que le doute assaille le spectateur tout au long du film. Quand Diane retrouve la porte de sa maison ouverte, par exemple, on peut penser que ce sont les chasseurs qui sont venus se venger. Même chose pour l’inconnu qui vient cogner à la porte en pleine nuit. Est-ce le fruit de l’imagination de Diane, ou s’agit-il des prisonniers en cavale ? On entretient un doute. Peut-être que… La scène à laquelle vous faites référence sert à authentifier la présence des fantômes dans la maison. C’est le moment où Angèle se met à croire sa fille. Comme elle se sent comprise, Diane peut enfin commencer son deuil.

Extraits de l’entrevue avec le réalisateur disponible dans le dossier de presse de Frontières fourni par Sphère Films

Résumé

Diane exploite la petite ferme familiale située en Estrie, tout près de la frontière américaine. Séparée de son conjoint, elle prend soin de sa fille adolescente et peut compter sur le soutien de ses deux soeurs qui habitent aussi sur la propriété. Le décès brutal du père de famille a laissé Diane dans un deuil inachevé. Depuis quelques temps, elle développe une forme aigüe de paranoïa la poussant à se barricader de peur d'être la proie de créatures fantomatiques. Perturbée par d'étranges visions, elle est même convaincue que le défunt rôde dans la maison. Inquiète pour l'état mental de sa fille, Angèle, interrompt son séjour en Floride et revient au Québec de toute urgence.

©Charles-Henri Ramond

Distribution

Pascale Bussières (Diane Messier), Mégane Proulx (Sarah Messier), Micheline Lanctôt (Angèle Messier), Christine Beaulieu (Carmen Messier), Marilyn Castonguay (Julie Messier), Béatrice Picard (Helena Messier), Patrice Godin (Pierre Larocque), Marie-Madeleine Sarr (Caroline Bacon), Marie-France Marcotte (Valérie), Maxime de Cotret (Patrice), Sylvain Massé (Robert), Sarianne Cormier (Directrice d’école)

Fiche technique

Genre: drame rural, suspense d'épouvante - Origine: Québec, 2022 - Durée: 1h34 - Images: ratio 2.35:1, tournage 4K numérique - Langue V.O.: Français - Visa: 13 ans et plus - Première: 27 février 2023, RVQC - Sortie en salles: 3 mars 2023 sur 32 écrans au Québec - Tournage: durant 28 jours, entre le 18 octobre et le 26 novembre 2021, à Saint-Armand en Estrie - Budget approximatif: 5 M$

Réalisation: Guy Édoin - Scénario: Guy Édoin - Production: Félize Frappier - Productrice associée: Sylvie Lacoste - Directrice de production: Dominique Dussault - Société de production: Max Films Média avec la participation financière de Téléfilm Canada, SODEC, Le Fonds Harold Greenberg, crédits d'impôts fédéraux et provinciaux - Distribution: Sphère Films

Équipe technique - 1ère assistante à la réalisation: Karine Perron - Conception sonore: Sylvain Bellemare, Francis Gauthier - Costumes: Patricia McNeil - Direction artistique: Marie-Pier Fortier - Distribution des rôles: Geneviève Hébert Casting, Figuration Julie Breton - Mixage: Bernard Gariépy Strobl - Montage images: Richard Comeau – Musique: Olivier Alary, Johannes Malfatti - Photographie: Nicolas Canniccioni - Prise de son: Yann Cleary

Qui sommes-nous ?

Né en décembre 2008, Films du Québec est un site d'information indépendant, entièrement dédié au cinéma québécois de fiction. Films du Québec contient les fiches détaillées des films québécois, des actualités, des critiques et des bandes annonces et bien plus.
Création et administration : Charles-Henri Ramond, membre de l'Association québécoise des critiques de cinéma.

Catégories

Archives