Tom à la ferme est le quatrième long métrage de fiction réalisé par Xavier Dolan. Le scénario est inspiré de la pièce éponyme de Michel Marc Bouchard qui a reçu le Prix dramaturgie francophone 2011 de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques.
Campé dans une ferme laitière, Tom à la ferme est un drame psychologique qui traite des différences entre les régions et les villes et créé une opposition entre les peronnages qui y vivent.
Présenté en première mondiale en compétition officielle lors de la 70ème Mostra de Venise, Tom à la ferme a reçu le prix de la critique internationale. Le film a également fait partie de la liste du Canada’s Top Ten et a obtenu huit nominations aux Prix Écrans Canadiens, mais n’en a remporté aucun.
Au Québec, le film avait été présenté en première en octobre au FNC. Les comédiens y brillaient par leur absence. Tom à la ferme sort le 28 mars au Québec et le 16 avril en France.
Mot du réalisateur
Après la plus ou moins consciente trilogie sur l’amour impossible – J’ai tué ma mère, Les Amours imaginaires, Laurence Anyways – un changement de cap s’imposait.
Plusieurs possibilités s’offraient à moi. J’ai ouvert le tiroir du petit secrétaire en bambou rempli de post-it et de napperons de restaurants noircis d’idées, de répliques et de synopsis de deux trois mots comme ceux qu’on trouve dans le guide télé.
Il y avait une sorte de thriller politique – pour changer, ça changerait – il y avait l’écriture de mon premier film en anglais, The Death and Life of John F. Donovan – mais je voulais écrire pour tourner, et non pour attendre. Il me fallait un scénario-éclair pour un tournage en vitesse.
Or, j’avais vu il y a un moment déjà la pièce Tom à la ferme. C’était à l’hiver 2011, je crois, et j’étais en pleine préproduction pour Laurence Anyways. Sur scène, ce soir-là, Lise Roy – qui reprendrait plus tard son rôle dans le film – avait livré le monologue de profond épuisement d’une mère qui, tout juste revenue des obsèques de son fils, explosait sur la pénible préparation de la salade de macaronis qui faisait sa réputation. Elle en vidait tout le contenu – personne n’y avait touché – en vociférant son dégoût pour cette recette et, du même coup, pour son entourage qui la contraignait à la faire, année après année. Le monologue de la salade de pâtes restait en surface, centré sur des doléances purement alimentaires, mais évoquait les souffrances beaucoup moins superficielles d’une femme qui n’a jamais connue que la ferme, les étreintes maladroites de son mari décédé et de ses fils, le train des vaches, et le chemin de terre au bout duquel on finit par désespérer de voir quelqu’un arriver. La « salade de pâtes », ironiquement, fût finalement coupée au montage, réminiscence probablement trop théâtrale de la pièce.
Mais ce détour au pays de la détresse maternelle sillonnait des routes trop familières pour que je ne rêve pas de les porter à l’écran. L’auteur Michel Marc Bouchard excellant dans le rapport à la famille et au patelin du point de vue de l’étranger comme de l’hôte, son texte évitait les écueils des a priori urbains sur la campagne. La brutalité du rapport entre les deux rôles principaux masculins, élégant et esthétique sur scène, augurait déjà à l’écran d’une saleté et d’une violence qui m’éloigneraient de mes zones de confort. La pièce explorait plusieurs ambiances, mais je savais que de toutes celles ressenties c’était la peur, l’angoisse et l’étrangeté qui seraient les plus payantes à l’écran, et surtout, surtout, que c’était là toute la nouveauté que j’espérais.
Dehors sous la marquise, dans la fumée des cigarettes que tout le monde avait méritées, je demandais à Michel Marc qui adapterait la pièce au grand écran. Il me répondit : « Personne, pourquoi? Tu as quelqu’un en tête? » « Oui, moi. », répondis-je avec l’humilité de Néron dans Britannicus. Mais, sérieusement, c’est à peu près comme ça que ça s’est passé.
Texte de Xavier Dolan – Extrait du dossier de presse
De la scène à l’écran
En 2011, à l’époque où Michel Marc Bouchard avions conclu d’adapter ensemble sa pièce de théâtre, il avait été convenu que nous travaillerions chacun de notre côté. Il m’enverrait une première version que je retravaillerais à mon tour, pour lui en renvoyer une seconde, et ainsi de suite.
Laurence Anyways ayant été tourné et produit sur une période de deux ans, j’étais de retour de Cannes en mai 2012 et devait rapidement trouver un projet à tourner à l’automne. Pierre Falardeau, défunt cinéaste québécois, disait qu’il valait mieux tourner que de tourner en rond, et j’étais plus que prêt à retrouver l’adrénaline du plateau.
Tom à la ferme devint ce projet d’automne et d’urgence, et j’appelai bientôt Michel Marc pour lui annoncer que nous tournions en octobre! Il était débordé avec l’écriture d’une pièce de théâtre et les révisions du scénario pour Queen Cristina. La scénarisation du film commença donc sur les chapeaux de roues, et Michel Marc et moi nous renvoyâmes la balle pendant un ou deux mois.
Sur scène, on ne voyait que quatre personnages ; Tom, Francis, Agathe et, en fin de pièce, Sara, arrivée comme la vérité dans un tissu de mensonges, comme l’avènement, comme la flammèche dans une pièce soufflée au gaz. Ils se partageaient l’espace d’une cuisine, d’une chambre et d’une grange ; le huis-clos typique. Dans le film, il fallait jouer la carte du no-exit sans pour autant que l’on se lasse des décors et des personnages. Il m’apparut, assez tôt, qu’il fallait sortir Tom de la ferme une fois ou deux pour craindre, toujours davantage, qu’il y retourne.
Texte de Xavier Dolan – Extrait du dossier de presse
Résumé
À la mort de Guillaume son amant, Tom, un jeune publicitaire montréalais, se rend dans la famille du défunt qui exploite une petite ferme laitière isolée au fin fond de la campagne. Là, il se rend compte que sa "belle-famille" ne sait rien de lui ni de la relation homosexuel qui l'unissait avec Guillaume.
Très vite, Tom se retrouve sous le joug de Francis, le grand-frère, qui s'impose violemment et lui ordonne le silence sur la nature de sa relation avec Guillaume.
Mentant pour protéger l’honneur de la famille, Tom se retrouve alors tenaillé entre son désir de partir et l'emprise incontrôlable exercée par Francis, cet homme violent mais si attirant. Tom appelle à la rescousse Sara, une collègue qui se fait passer pour l'amie de Guillaume aux yeux de la mère. Mais les choses ne s'arrangent guère.
©Charles-Henri Ramond
Distribution
Xavier Dolan (Tom) ; Pierre-Yves Cardinal (Francis) ; Lise Roy (Agathe) ; Évelyne Brochu (Sara) ; Manuel Tadros (patron du bar) ; Jacques Lavallée (curé) ; Anne Caron (docteur) ; Olivier Morin (Paul)
Fiche technique
Genre: drame psychologique - Origine: coproduction majoritaire Québec-France, 2013 - Durée: 1h42 - Langue V.O.: français - Date de sortie: 28 mars 2014 sur 18 écrans au Québec (16 avril 2014 en France) - Visa: 13 ans et plus - Tournage: automne 2012
Réalisation: Xavier Dolan - scénario et dialogues: Xavier Dolan, Michel Marc Bouchard - Production: Xavier Dolan, Nathanaël Karmitz, Charles Gilibert - Productrice exécutive: Nancy Grant - Productrice associée: Lyse Lafontaine - Productrice déléguée: Carole Mondello - Sociétés de production: Sons of Manual, MK2 avec la participation de Téléfilm Canada, SODEC, programmes de crédit d'impôt fédéral et provincial, Radio-Canada, Super Écran ; ARTE, Ciné+, CNC - Distribution: Films Séville (Qc) - Diaphana (Fra.)
Équipe technique - Conception visuelle: Colombe Raby - Costumes: Xavier Dolan - Décors: Anne Pritchard - Mixage son: Olivier Goinard - Montage: Xavier Dolan - Montage son: Sylvain Brassard - Musique: Gabriel Yared - Photographie: André Turpin - Prise de son: François Grenon
Infos DVD/VOD
Le film Tom à la ferme est disponible en DVD et Blu-ray au Québec (format panoramique, version originale française et avec sous-titres anglais) - Date de sortie: 21 octobre 2014 - Éditeur: eOne Films - Code UPC: 774212003387 (VDV) ; 774212003684 (Blu-ray) - Suppléments: NC.