Revue de presse: 24 images numéro 173

Le cinéma québécois occupe une grande partie du numéro 173 de la Revue 24 images qui vient de paraître. Intitulé Vents contraires, ce dossier s’articule autour de cinq grands axes offrant un caléidoscope de la production québécoise, hors des modes et des idées reçues.

Couverture du numéro 173 de la Revue 24 images

Couverture du numéro 173 de la Revue 24 images

Si Antonioni a droit à la couverture ainsi que six pages signées Gérard Grugeau, le cinéma québécois occupe une grande partie du numéro 173 (septembre 2015) de la Revue 24 images. Intitulé Vents contraires, ce dossier couvre le tiers ou presque des pages du numéro et s’articule autour de cinq grands axes, tous aussi passionnants les uns que les autres et qui offrent un caléidoscope de la production québécoise, hors des modes et des idées reçues.

Culte de la personnalité – le cinéma de Xavier Dolan, signé Alexandre Fontaine-Rousseau, propose une réflexion sur l’impact que peut avoir la personnalité du cinéaste sur ses films. L’auteur décortique les films en en faisant ressortir quelques unes des composantes principales pour mieux comprendre « le phénomène ». Il dresse ainsi un portrait peu indulgent sur celui dont l’attention médiatique « dépasse nettement celle de son cinéma » et n’hésite pas à dire qu’il confond « cinéma populaire avec popularité et populisme.

La trilogie de l’aliénation, signé Philippe Gajan, part des films Laurentie (Simon Lavoie & Mathieu Denis), Le torrent (Simon Lavoie) et Corbo (Mathieu Denis) pour établir un parallèle entre le cinéma québécois actuel et l’héritage « à bout de souffle » de la Révolution tranquille. Les films de ces deux jeunes cinéastes « s’inscrivent en critiques de leur société », en dénoncent l’immobilisme et de ce fait, en appellent à un réveil des consciences. L’auteur note l’importance de ces films qu’il qualifie de « charnière » et souligne que plusieurs productions récentes ou à venir marquent l’arrivée d’une ouverture vers les communautés culturelles québécoises dans des films tels qu’Arwad, Là où Attila passe et Montréal la blanche.

Une certaine tendance du cinéma québécois – Réflexions sur la « prénomisation » des titres, est un court texte de Richard Brouillette qui fait ressortir l’individualisme de plus en plus présent dans les titres des films québécois, tels que Félix et Meira, Sarah préfère la course ou encore Antoine et Marie.

Trois autres textes poursuivent la réflexion. Comment sortir du cadre? de Marie-Claude Loiselle se questionne sur une tendance actuelle, lourde et généralisée tant en documentaire qu’en fiction, qui consiste à transformer « en mécaniques scénaristiques construites autour de microdrames intimes » les films. Tout en faisant écho au texte de Gajan, Bruno Dequen se demande pour sa part si le cinéma québécois ne serait pas tombé En terrains trop connus?. À partir du succès international d’Incendies (Denis Villeneuve, 2010), Dequen note que l’élargissement des frontières habituelles du cinéma québécois n’a pas encore totalement réussi à opérer. D’après l’auteur, le cinéma québécois propose un portrait réducteur de la société dans laquelle il évolue et ne propose bien souvent que des « drames psychologiques empruntant les multiples variations d’un réalisme des plus prosaïques ». Les courts métrages Bleu tonnerre (Philippe David Gagné & Jean-Marc E. Roy) et Mynarski chute mortelle (Matthew Rankin) sont cités en exemple de propositions récentes qui transcendent l’uniformité de la vision démontrée dans notre cinéma.

Enfin, le dossier se termine avec une entrevue du cinéaste Olivier Godin accordée à Simon Galiero, à l’occasion de la sortie en salles de son film Nouvelles, Nouvelles.

Comme d’habitude avec 24 images, pas de complaisance, pas de facilité, mais un regard en profondeur sur notre cinéma. Certes, nous sommes loin de la complaisance. Mais s’ils peuvent paraître acerbes, ces visions critiques ont le mérite de poser sur la place publique des champs de réflexion que chacun peut à sa guise méditer et approfondir. Porter le regard du lecteur au-delà des survols et des impressions hâtives, c’est bien là tout l’intérêt de ces textes.

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