Voici cinq longs métrages de fiction québécois à (re)voir pour se souvenir de l’année 2025, qui ne laissera pas que de bons souvenirs, lors de laquelle 29 longs métrages de fiction (incluant les coproductions majoritaires) auront pris l’affiche dans des circuits commerciaux. De ce maigre corpus de valeur très inégale, on recense 8 premiers longs métrages et 11 films réalisés ou coréalisés par des femmes.
À la liste ci-dessous, j’ajouterais trois excellents documentaires : Shifting Baselines de Julien Élie, Chronique d’une ville de Nadine Gomez (sortie 16 janvier 2026) et Mais où va-t-on coyote de Jonah Malak (sortie 9 janvier 2026).

Mon palmarès
1 – Peau à peau de Chloé Cinq-Mars
Porté par l’interprétation mémorable de Rose-Marie Perreault, Peau à peau s’impose comme un récit de descente infernale qui séduit par la construction lente et habile de son atmosphère mortifère. Au cœur de cette spirale s’exprime avec justesse la solitude de certaines jeunes mères, accablées par une maternité trop lourde à porter. Le film se double d’une critique acérée, aussi pertinente que nécessaire, des institutions censées leur tendre la main. On regrettera que certains personnages secondaires ne bénéficient pas d’un traitement plus nuancé, mais cette réserve n’entame en rien la singularité, la conviction et la force de ce premier long métrage. (★★★★) – Infos, bande annonce et disponibilité en ligne
2 – Une langue universelle de Matthew Rankin
Drôles, surréalistes, touchantes et parfois incisives, les aventures imaginatives et poétiques de ces enfants perdus dans Canada en quête d’identité offre au spectateur une immersion totale dans un univers créatif hors norme. En seulement deux longs métrages, Matthew Rankin s’est imposé comme l’un des cinéastes canadiens les plus audacieux de sa génération, façonnant un cinéma drôle, singulier et profondément évocateur. (★★★½) – Infos, bande annonce et disponibilité en ligne
3 – Le train de Marie Brassard
Empreint de bienveillance et d’humanisme, ce film aérien à l’esthétique recherchée invite le spectateur à un voyage intérieur où la tendresse n’exclut pas la lucidité. Sous son apparente douceur, le film déploie un propos féministe feutré mais sûr, et fait dialoguer l’art, le fantastique et l’amour filial avec une sensibilité de tous les instants. Un passage à l’âge adulte délicat, qui, dans son dernier quart, prend un tournant aussi inattendu que bouleversant. (★★★½) – Infos, bande annonce et disponibilité en ligne
4 – Phénix de Jonathan Beaulieu-Cyr
Après Mad Dog Labine, Phénix confirme de belle manière que Jonathan Beaulieu-Cyr est l’un des talents québécois à suivre de près. Touchant par sa justesse et son naturel, le récit se démarque par la finesse de son étude de caractères et de l’attention particulière qui a été portée aux émotions et aux états d’âmes des protagonistes. Le film se distingue également par une esthétique soignée : plans fixes évocateurs, jeux de lumière subtils et gros plans qui capturent la mélancolie des personnages. Ces choix renforcent une narration tout en délicatesse, où chaque scène du quotidien résonne avec authenticité, qu’il s’agisse des moments d’intimité familiale ou d’un dénouement poignant, évitant habilement la mièvrerie. (★★★) – Infos, bande annonce et disponibilité en ligne
5 – Amour apocalypse d’Anne Émond
Fidèle à son exploration des fractures intimes — dépression, mal-être, pulsions suicidaires — Anne Émond insuffle à Amour apocalypse une atmosphère saturée d’angoisse existentielle et de visions crépusculaires du quotidien. Si l’approche se veut à la fois contemporaine et universelle, et qu’elle parvient à renouveler par instants un genre maintes fois exploité, le film peine à toucher. L’émotion reste en retrait, le propos écologique s’enlise dans les lieux communs et les personnages secondaires, trop excentriques pour être crédibles, sonnent faux. Quant à une séquence de mutilation, gratuite et hors contexte, elle achève d’affaiblir un exercice de style dont l’issue se devine bien trop tôt. (★★★) – Infos, bande annonce et disponibilité en ligne

