Un Blu-ray pour Les affamés. Oui mais…

Les affamés, gagnant de 8 prix Iris, aura finalement droit à une version Blu-Ray au Québec. Merci, mais qu’en est-il des autres?

Grande nouvelle pour les amateurs de genre au Québec, puisque l’on apprenait lundi soir que le long métrage québécois Les affamés de Robin Aubert aura finalement droit à une version Blu-ray qui sera lancée le 31 juillet par le distributeur Les films Séville.

Cette annonce fait sans aucun doute suite au coup de gueule poussé par Aubert dimanche soir à l’issue du Gala Québec Cinéma. Dans une entrevue à Radio-Canada, le cinéaste s’indignait – à très juste titre – que malgré ses huit prix Iris, son film ne serait pas disponible au Québec en version cinéma maison « parce qu’il n’avait pas fait assez d’entrées en salle ». Le distributeur corrige donc cette ineptie, moins de 24 heures après avoir été ouvertement soulevée.

Pochette du disque Blu-ray du film Les affamés (image : Les Films Séville)

Disque Blu-ray du film Les affamés (image : Les Films Séville)

Cela dit, si vous n’avez pas de Blu-ray à la maison, vous pouvez vous rabattre sur la version espagnole du DVD du film (Los Hambrientos), à condition bien sûr d’avoir un lecteur multizones. On le trouve facilement sur Internet, par exemple ici : https://www.amazon.es/Los-Hambrientos-Marc-Andr%C3%A9-Grondin/dp/B079PC7H63

Si le cas du film d’Aubert est en partie corrigé, que dire des dizaines d’autres productions québécoises qui n’auront pas cette chance. Dans ce cas-ci, le réal. a osé faire valoir son point haut et fort, ce qui semble avoir fait bouger les choses. Mais qu’en est-il des films de Simon Lavoie, d’Olivier Asselin ou de Karl Lemieux, pour ne citer qu’eux?

À l’heure où l’on s’interroge sur la « découvrabilité » des œuvres québécoises, l’absence de support cinéma maison de la majorité de nos films récents laisse un vide immense, en plus d’être un affront aux cinéastes. On dit souvent que quand un film sort directement en VOD la carrière de ses auteurs reste dans l’ombre puisqu’elle ne bénéficie pas de la visibilité du grand écran… C’est sans doute vrai, comme c’était vrai il y a vingt ans avec les « direct-to-DVD ». Le support physique avait cependant l’avantage de faire circuler l’œuvre, même plusieurs années après sa sortie. J’en sais quelque chose moi qui ai dans ma collection de VHS plusieurs dizaines de raretés québécoises, totalement introuvables autrement. Et je ne suis pas du tout certain qu’avec notre système actuel (sortie en salle pendant deux ou trois semaines, quelques présentations à la télé… puis plus rien), on soit si éloigné que ça de l’anonymat le plus complet pour des professionnels qui ont passé des mois voire des années à faire un film.

Le support physique, ce n’est pas juste une affaire de collectionneur, c’est un moyen de voir, de partager, de faire vivre un film. Dans les réseaux des bibliothèques, sur le marché de l’usagé, entre autres. Et tant que les oeuvres d’ici n’auront pas plus de place qu’elles en ont actuellement sur les plateformes populaires de VOD, les DVD et Blu-ray resteront leurs seuls moyens de rester – un peu – dans la mémoire collective.

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