[Critique] Exil : d’ombres et de lumières

Malgré quelques lacunes, Exil parvient à créer un tumultueux voyage dans lequel les rencontres fortuites ménagent les espaces de réclusion, montrés ici comme autant de pièces d’une mosaïque américaine bigarrée, dans laquelle la recherche de repères est un voyage incessant. Michaud est indéniablement l’un des réalisateurs québécois dont on suivra le parcours.

Samuel et sa gang à New York (Exil de Charles-Olivier Michaud)

Samuel et sa gang à New York (Exil de Charles-Olivier Michaud)

Projet à la genèse particulière, Exil, troisième film pour Charles-Olivier Michaud, est finalement sorti en salles (voir le calendrier des sorties au cinéma pour plus de détails). Depuis sa première présentation au Festival du film en Abitibi-Témiscamingue à l’automne 2012. le film a subi plusieurs transformations. Si le résultat final ne se ressent pas trop de ces altérations, l’odyssée américaine du jeune haïtien à la recherche de sa mère a tout de même bien du mal à s’insinuer en nous. Est-ce la voix off pompeuse, est-ce la faible présence à l’écran du jeune interprète ? Un peu des deux certainement.

Il faut dire que ce drame abordant tour à tour des thèmes reliés à la filiation, à l’immigration ou à la marginalité dans les grands centres urbains offre une lecture à plusieurs niveaux. À mi chemin entre témoignage personnel et fable moderne, l’amalgame reste peu cohérent et ne facilite pas la tâche d’un scénario ayant déjà du mal à cerner son propos.  Le texte de la voix off a tendance à ramener le film dans un univers réaliste (que l’on ressent aussi dans la très belle photographie de Jean-François Lord qui filme aussi habilement des villes tristes et froides et des plaines verdoyantes), transformant cette odyssée épique en expérience vécue dans le passé et racontée au présent.

Cependant, l’universalité des thèmes et leur traitement proche du surréalisme (notamment la première demi-heure) suggère l’univers onirique d’un jeune rêvant tout haut des retrouvailles avec sa mère. La symbiose de ces univers et de ces époques a du mal à s’opérer, plusieurs détails apparaissant alors improbables.

Le film n’est pas à rancarder pour autant et aurait même eu besoin de peu pour être pleinement réussi, à commencer par une voix off moins explicative et moins pompeuse et un jeune comédien plus expérimenté. Car malgré ces lacunes, Michaud parvient à créer un tumultueux voyage dans lequel les rencontres fortuites ménagent les espaces de réclusion, montrés ici comme autant de pièces d’une mosaïque américaine bigarrée, dans laquelle la recherche de repères est un voyage incessant.

Pour ces qualités, Exil, film à la genèse peu ordinaire, démontre que Charles-Olivier Michaud est indéniablement l’un de ceux dont on suivra de près le parcours. Il ne lui reste qu’à mettre en scène ses propres histoires pour pleinement prendre place dans les rangs des cinéastes québécois majeurs.

Exil – drame – Québec, 2014, 1h39 – un jeune haîtien traverse toute l’Amérique du Nord à la recherche de sa mère qu’on lui avait dit morte – Avec: Francis Cléophat, Julie Le Breton, Maxime Dumontier, Paul Doucet – Réalisation: Charles-Olivier Michaud – Production: Les films du Boulevard – Distribution: Filmoption International

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