[Critique] La passion d’Augustine : peu de fausses notes

Plongée dans le Québec de la Révolution tranquille, La passion d’Augustine, production grand public réussie dans laquelle tout baby-boomer se reconnaîtra, a tout ce qu’il faut pour être l’un des beaux succès du cinéma commercial québécois de l’année.

Image promotionnelle du film La passion d'Augustine : Céline Bonnier, Marie-France Lambert et Andrée Lachapelle au premier rang (Léa Pool, 2015 - Photo : Véro Boncompagni)

La passion d’Augustine : Céline Bonnier, Marie-France Lambert et Andrée Lachapelle au premier rang (Léa Pool, 2015 – Photo : Véro Boncompagni)

Après le très moyen La dernière fugue et un documentaire social engagé mais plutôt conventionnel, Léa Pool retrouve des qualités déjà ressenties dans Maman est chez le coiffeur, son premier drame d’époque sorti en 2008. Outre la justesse de l’interprétation, qui comprenait déjà Céline Bonnier dans le rôle titre, La passion d’Augustine repose sur une reconstitution tout en finesse du Québec des années soixante et sur une histoire généreuse qui parvient à capter les révolutions sociales alors en cours.

Au-delà de sa fiction, La passion d’Augustine représente un vibrant hommage à l’apport de ces religieuses dans la communauté québécoise au fil des décennies. Un apport que l’on a vite mis de côté au gré des changements engendrés par la laïcisation de la société, mais dont l’importance mérite plus que jamais d’être reconnue. À l’instar du documentaire Les discrètes d’Hélène Choquette sorti au printemps dernier, Léa Pool illustre la résilience de femmes fortes, animées par une foi inébranlable et par la transmission de valeurs spirituelles véhiculées ici par la musique. Les auteures (Marie Vien et Léa Pool) insèrent également quelques remarques bien senties sur le statut de cheap labor de ces religieuses et abordent indirectement la question de leur libération.

De ce scénario hautement rassembleur, Pool parvient à tirer un portrait juste et attachant – et non dénué d’humour – d’une petite communauté recluse à l’écart du monde « moderne ». Le film doit beaucoup à l’interprétation hors pair de Céline Bonnier en Mère Augustine, ainsi qu’à une distribution impeccable parfaitement maîtrisée. La trame sonore appuie de belle manière la sensation de félicité qui se dégage de l’ensemble, au moins durant la première heure.

Car un tournant situé aux deux-tiers apporte dans son sillage une série de rebondissements dramatiques qui ravivent  le mélodrame. D’inutiles flashbacks font leur apparition, tentant de nous expliquer ce que nous avions déjà compris. Et c’est alors que tout excès avait jusque là été adroitement évité que le film retombe dans le déjà vu, et se termine sur une note beaucoup trop conventionnelle. Malgré – ou à cause de – cela, La passion d’Augustine, production grand public réussie dans laquelle tout baby-boomer se reconnaîtra, a tout ce qu’il faut pour être l’un des beaux succès du cinéma commercial québécois de l’année.

La passion d’Augustine – Québec, 2015, 1h43 – dans les années soixante au Québec, une mère passionnée tente de faire survivre son couvent, devenu au fil du temps une école de musique prestigieuse – Avec: Céline Bonnier, Lysandre Ménard, Diane Lavallée, Valérie Blais – Scénario: Marie Vien, Léa Pool – Réalisation: Léa Pool – Production: Lyse Lafontaine, François Tremblay – Distribution: Films Christal

Ma note: 

Mots clés

Les notes :

★★★★★ Excellent
★★★★ Très bon
★★★ Bon
★★ Moyen
Mauvais

Contenus similaires

Qui sommes-nous ?

Né en décembre 2008, Films du Québec est un site d'information indépendant, entièrement dédié au cinéma québécois de fiction. Films du Québec contient les fiches détaillées des films québécois, des actualités, des critiques et des bandes annonces et bien plus.
Création et administration : Charles-Henri Ramond, membre de l'Association québécoise des critiques de cinéma.

Catégories

Archives