[Critique] Turbo Kid: gore sentimental

Niché quelque part entre comédie romantique et gore absolu, Turbo Kid, ode jouissive à nos héros éternels, parvient de si belle manière à séduire nos âmes adolescentes. Merci RKSS, bel exploit pour un premier long métrage.

Image en gros plan de la comédienne Laurence Leboeuf dans Turbo Kid (réal: RKSS, 2014 - image©JPBernier)

Laurence Leboeuf dans Turbo Kid (réal: RKSS, 2014 – image©JPBernier)

Si le film de genre n’a pas la cote auprès du public généraliste, il reste sans doute l’un des styles cinématographiques les plus appréciés des fans. Et comme on n’en fait peu au Québec qui parviennent à soulever autant de foule, Turbo Kid restera sans aucun doute dans les annales du cinéma de genre local. Et même si, avouons-le d’emblée, ce n’est pas la sensation tant attendue (les fans s’emballent vite parfois…), cela reste quand même une série B rigolote qui rend un vibrant hommage aux racines de la culture geek, tout en faisant un clin d’œil franc et plutôt cynique aux méga productions qui se prennent parfois un peu trop au sérieux.

Car on imagine bien qu’avec un budget somme toute modeste (précieusement tenu secret par les producteurs), la créativité des auteurs et des techniciens a du faire feu de tout bois pour parvenir à ce résultat. Pas les moyens de se payer les véhicules de Mad Max? Qu’à cela ne tienne, on écrira dans l’histoire qu’il n’y a plus d’essence sur Terre, obligeant ainsi nos héros à rouler en vieux BMX récupérés au dépotoir. Et pour les décors on utilisera des objets hétéroclites ramassés çà et là, ressuscités d’entre les décombres des années 80. Car avant tout, le plaisir par Turbo Kid, c’est de constater que ce petit film anarchiste tourné dans un des plus propices no man’s land montréalais a su faire aboutir la débrouillardise pour parvenir à ses fins. Face aux milliards des blockbusters hollywoodiens qui envahissent nos écrans, il y a dans ce trip de copains un bonheur jouissif d’exister qui fait énormément de bien.

Certes, on regrettera que le scénario ne soit pas un peu plus étoffé. L’histoire de Turbo Kid ne tient qu’en quelques lignes et arrive vite à saturation. Les rebondissements sont tous ou presque prévisibles et l’on avouera (à mots couverts bien sûr) que les personnages sont tellement unidimensionnels qu’ils manquent vraiment de charisme. Mais c’est sans doute le risque du pastiche que de vouloir coller de trop près à des héros cinématographiques très connus. Sauf qu’il y a l’étincelle Laurence Lebœuf, qui trouve en l’improbable humanoïde Apple un rôle aussi absurde que déjanté, sans cesse ravissant. L’histoire d’amour qu’elle vit avec le héros est rafraîchissante même si, répétons-le, elle est très convenue. Reste que malgré la simplicité de l’ensemble, plusieurs scènes sont fort adroitement composées, telle celle du parasol abritant le Kid et Apple langoureusement enlacés sous une pluie ininterrompue de sang. Et c’est à l’instar de ce moment délicieux que, nichée quelque part entre comédie romantique et gore absolu, cette ode jouissive à nos héros éternels parvient de si belle manière à séduire nos âmes adolescentes. Bel exploit.

Turbo Kid Рaventures РQu̩bec-Nouvelle-Z̩lande, 2014, 1h29 Рun adolescent orphelin se rev̻t des habits du h̩ros de BD Turbo Kid pour sauver son amoureuse et se venger de celui qui a tu̩ ses parents РAvec: Munro Chambers, Laurence Leboeuf, Michael Ironside РSc̩nario et r̩alisation: Anouk Whissell, Fran̤ois Simard & Yoann-Karl Whissell РDistribution: Filmoption International

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