[CRITIQUE] Il pleuvait des oiseaux: dernières fiançailles

Ce délicat portrait de trois vieillards résolus à mourir dans la dignité perd de sa force et de sa grâce en s’aventurant dans une intrigue parallèle peu convaincante.

Les comédiens Andrée Lachapelle et Gilbert Sicotte dans une scène du film Il pleuvait des oiseaux
Andrée Lachapelle et Gilbert Sicotte dans Il pleuvait des oiseaux de Louise Archambault (Les Films Outsiders)

Alors que les chroniques adolescentes nourrissent abondamment le cinéma québécois, Il pleuvait des oiseaux, troisième long métrage de Louise Archambault, s’écarte des canons de la mode avec cette histoire de trois vieillards regagnant dans une réclusion presque monacale une part de la dignité et de la fierté que leur passé trouble avait mises sous l’éteignoir. Comme cela avait été le cas avec son réputé Gabrielle, la réalisatrice démontre toute l’empathie et la retenue requises pour aborder ce sujet délicat, qui s’offre autant comme une ode à la sagesse du bel âge, qu’à un éloge de la différence et du droit de vivre en dehors des standards imposés.

Hors du temps, le récit au rythme lent contemple ses personnages se laisser doucement dériver vers l’autre, et finalement parvenir à s’accepter tels qu’ils sont, sans jugement ni morale. Même si leur environnement vacille de toute part. La maladie, la mort, et les incendies tout proches sont là pour nous rappeler que si la vie est un long fleuve tranquille, elle est n’est pas éternelle  non plus. L’auteure ne fait pas de la résignation un moteur dramatique, mais montre des protagonistes désireux de passer leurs derniers jours entre amis, en toute sérénité. Une large part de la sensibilité de l’ensemble repose sur les performances irréprochables du trio de comédiens principaux, dont celle, très touchante, d’Andrée Lachapelle, dans ce qui pourrait être son ultime rôle au grand écran. Sa fine partition – nichée entre folie et lucidité – s’accorde avec la composition délicate de Gilbert Sicotte et celle terriblement émouvante d’un Rémi Girard que l’on n’a pas vu souvent sous un jour aussi fragile.

Baigné dans des décors naturels joliment mis en images par Mathieu Laverdière, Il pleuvait des oiseaux possède une force évocatrice suffisante pour faire oublier un peu sa forme très classique, presque surannée. Cela dit, le scénario, déjà alourdi par quelques longueurs et un certain flottement dans son propos, perd de sa grâce en s’aventurant dans une intrigue parallèle déconnectée et peu compréhensible. En cause : la quête nébuleuse de la photographe, les tableaux prophétiques qu’elle découvre (révélateurs d’une métaphore de fin du monde trop visible), ainsi que l’importance donnée à un personnage décédé dont nous ne savons rien. Autant d’éléments perturbants qui peinent à convaincre. La relation que ladite photographe entame avec le gérant d’un hôtel du coin est à l’avenant, et le jeu des deux comédiens manque d’énergie et de complicité, en plus de sonner faux. Oublions donc toute cette partie de l’histoire pour ne retenir que les visages de ces trois beaux ermites, bien décidés à mourir dans la dignité.

Il pleuvait des oiseaux – Québec, 2019, 2h07 – Pour son troisième long-métrage de fiction, la réalisatrice de Gabrielle retrouve des thèmes qui lui sont chers, notamment l’acceptation de l’autre et de ses différences. – Avec: Andrée Lachapelle, Gilbert Sicotte, Rémy Girard – Scénario et Réalisation: Louise Archambault – Production: Les Films Outsiders – Distribution: MK2 / Mile End

Ma note: 

Les notes :

★★★★★ Excellent
★★★★ Très bon
★★★ Bon
★★ Moyen
Mauvais

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