Films du Québec

Exit est un drame psychologique teinté de fantastique réalisé par Robert Ménard, d’après un scénario qu’il a coécrit avec Monique H. Messier (1946-2014). Cette dernière a collaboré à la scénarisation de plusieurs productions québécoises, dont Emporte-moi de Léa Pool. Elle a également agi à titre de productrice exécutive pour les séries télé Marguerite Volant et Blanche, ainsi que pour le long métrage Dans le ventre du dragon.

Deuxième long métrage de Robert Ménard après Une journée en taxi, Exit met en scène une pianiste, mère d’un jeune garçon, qui se croit responsable de la mort de son mari, disparu prématurément dans un accident d’avion. Rongée par la culpabilité, elle est progressivement hantée par la présence du défunt. Les rôles principaux sont tenus par Louise Marleau, Michel Côté et Louise Portal.

Aujourd’hui introuvable, Exit est sorti en salle le 10 octobre 1986. En mars de l’année suivante, le film a récolté quatre nominations lors de la 8^e cérémonie des prix Genie, dans les catégories direction artistique, photographie, costumes et musique.

Notes d’intention

« C’est d’abord un suspense. Il y a une tension tout au long du film. La caméra devient un des personnages, elle représente le point de vue du mort. Ce sera aussi un film différent quant a la psychologie des personnages. Chaque scène se passe a plusieurs niveaux différents. C’est très exigeant pour les comédiens. Il a fallu beaucoup répéter avant de tourner. Enfin, il y a tout le côté psychique. Marie (Louise Marleau) a développé une culpabilité tellement forte qu’elle matérialise cette culpabilité dans la réalité. Elle voit réellement John comme s’il était là. Il y a une seule personne qui sait que ça existe, c’est le medium, Elle va lui expliquer ce qui se passe et comment s’en débarrasser. » (Robert Ménard à Luc Perreault, La Presse, samedi 17 mai 1986, p. E16)

« Pour une comédienne, c’est un rôle très particulier, très riche: Marie est une femme passionnée, pleine de ressources, d’une grande sensualité… C’est vraiment un personnage complet, ce qui permet à une actrice d’explorer à peu près toutes les facettes d’une personnalité. Je me suis sentie très portée, entourée, soutenue par toute l’équipe, car c’est aussi une descente aux enfers… Tout est une question de confiance, d’abandon » (Louise Marleau à propos de son personnage, La vie en rose, octobre 1986)

Réception critique

Techniquement, plastiquement, esthétiquement, le film est de toute beauté. Images léchées, éclairages étudiés, surfaces glacées, meubles soigneusement agencés qui renforcent autant le confort matériel que l’inconfort moral et spirituel. Pourtant, ni Louise Marleau, ni Pierre Mignot, ni le bon goût à la Décormag, ni l’ambiance trouble créée par le mouvement de la caméra, ni la tension maintenue par la bande sonore ne réussissent à sauver Exit du mauvais goût des phénomènes psychiques et de leur concert de fantômes. Le problème, dans Exit, n’est pas tant le fantôme que le réalisme rationnel avec lequel Robert Ménard le met en scène. (Nathalie Petrowski, Le Devoir, jeudi 9 octobre 1986, p.7)

Il y a des scènes de nuit, dans les tons de gris et de bleu, des regards appuyés sur les objets inanimés mais tout cela sans la cohérence ni la somptuosité des deux derniers films de Mme Pool. Malheureusement Exit insiste sur les scènes naïves ou John l’ectoplasme (joué par John Wildman) apparaît, la nuit de préférence, à une Marie désemparée. Plaquée sur ces images, la musique sonne la grandiloquence: que ce soient les passages de piano, d’instruments à corde ou (c’est le bouquet) d’orgue. Le film entretient quand même un certain intérêt, celui de savoir si Marie saura se libérer de ses visions. (Pierre Roberge, La Presse Canadienne, La voix de l’est, samedi 18 octobre, p.28)

Sans aller jusqu’aux excès ou est allé un Cronenberg avec les romans de Stephen King, il aurait fallu ici traverser le miroir des apparences comme le faisait Polanski dans Répulsion ou Rosemary’s Baby. La belle photo de Pierre Mignot, qui tourne le dos aux effets spéciaux a l’américaine, n’offre en contrepartie aucune solution du côté de l’imaginaire. Elle se contente de refléter simplement, je dirais platement, l’absence d’imagination du scenario. Par contre, pour une fois dans un film québécois, on a droit à une trame musicale qui fait corps avec le film. Si Exit possè de finalement une couleur, c’est dans cette musique (de Marie Bernard et de Richard Grégoire) qu’elle s’exprime. (Luc Perreault, La Presse, 1novembre 1986, p.E22)