[Critique] Coteau rouge: follement déjanté

Avec cette comédie aussi militante et engagée que drôle et poétique, le vétéran André Forcier démontre qu’il n’a rien perdu de sa verve et de sa joie de filmer.

Toute la clique à Forcier est là dans ce très bon Coteau Rouge

Toute la clique à Forcier est là dans ce très bon Coteau Rouge

Bien entendu, Coteau rouge est une comédie pour rire mais c’est aussi un pamphlet contre la gentrification de secteurs résidentiels, problème qu’a vécu André Forcier chez lui, sur la rive sud de Montréal. Coteau rouge est un film aussi attachant et important que L’eau chaude, l’eau frette, auquel il fait immédiatement penser, pour notre plus grand plaisir.

Dans Coteau rouge, film ô combien solidaire, une famille tricoté-serrée résiste à un promoteur immobilier, beaucoup plus prompt à raser ces « niques-à-feu » pour de gros dollars qu’à protéger un environnement socialement important. Ce que l’on retient de cette histoire c’est avant tout une fable sociale actuelle, importante et signifiante où la famille est placée au centre des débats, laissée à elle-même dans un monde de moins en moins social. À l’écran comme à la vie Forcier fait de la résistance.

La force du collectif domine la force individuelle, et rien ni personne ne doit la contrecarrer. Les membres de cette famille sont soudés les uns aux autres pour ne pas voir disparaître leur quartier, quitte à supprimer l’un des leurs. Une pièce rapportée certes, mais l’un des leurs tout de même, le gendre qui est devenu paria, lui l’adepte des tours sans âme et des condos standardisés. Ne rentre pas dans le clan qui veut.

Comme à l’habitude chez Forcier, l’impact du récit de Coteau rouge se trouve renforcé par le traitement poétique et loufoque des situations. Des images qui étonnent, des dialoguent qui résonnent, Forcier tient bon la barre. Les amateurs ne seront donc pas déçus. Ils retrouveront des personnages aussi ambigus que possibles (la mère qui porte l’enfant de sa fille), des histoires à dormir debout (le grand-père né d’une femelle esturgeon) ou des croyances prises au pied de la lettre (l’odeur du linge qui sèche dehors).

Ce dernier opus du réalisateur de Je me souviens détonne aussi par sa belle dose d’humanisme et d’altruisme, où les visages souriants, les réunions de famille et les couple amoureux prennent sous le regard de Forcier une dimension un peu extraordinaire. À l’heure actuelle, voir Coteau rouge, c’est prendre une bonne dose d’espoir en l’être humain.

En résumé

Poésie omniprésente, naïveté du ton et joie de filmer le bonheur quotidien, propos socialement important sont quelques-uns des fondements de Coteau rouge, un bouillon de jouvence qui recèle une bonhomie non dénuée de regard critique sur notre société. Pour couronner le tout, l’interprétation d’une brochette de fidèles au cinéaste est sans faille. Atypique et jubilatoire par moments, Coteau rouge a de quoi surprendre les plus méfiants. À ne pas manquer.

Coteau Rouge – Québec, 2011, 1h23 – Tout un quartier populaire de la Rive-Sud se ligue contre l’un des leurs, devenu agent immobilier affairiste – Avec: Paolo Noel, Gaston Lepage, Céline Bonnier, Roy Dupuis – Scénario: André Forcier, Linda Pinet, Georgette Duchaîne – Réalisation: André Forcier – Production: Linda Pinet – Distribution: Atopia Distribution

Ma note: 

Les notes :

★★★★★ Excellent
★★★★ Très bon
★★★ Bon
★★ Moyen
Mauvais

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