[Critique] Les 4 soldats: restes d’enfance

L’un des films les plus déroutants de l’année sort en salle aujourd’hui. Avec Les 4 soldats, Robert Morin s’essaye à la métaphore. Le résultat intrigue forcément. Mais laisse aussi perplexe.

Image extraite du film Les 4 soldats de Robert Morin (2013, Coop Vidéo, Métropole Films)

Image extraite du film Les 4 soldats de Robert Morin (2013, Coop Vidéo, Métropole Films)

Il y a dans ces étranges Les 4 soldats des aspects très intéressants. Il y a dans le regard de la comédienne Camille Mongeau une lueur de désespoir qui va si bien à son personnage et qui véhicule avec force la solitude et la désolation vécue dans un monde en plein chaos. Elle et ses compagnons de rêverie en arrivent à développer une belle amitié finissent par former une vraie famille, en remplacement de celle qu’ils n’ont plus. Cette prémisse intéressante laissait présager un drame socio-futuriste hors du commun.

Hélas, le film survole ou sous-utilise les (rares) ressorts dramatiques de l’intrigue pour nous permettre un abord plus aisé et plus profond de cette société futuriste vue par des jeunes combattants déconnecté du monde adulte, trop occupé à faire la guerre. Le traitement volontairement morose et distant souhaité par Morin n’offre que très peu de points de repère et stimule une attente qu’il ne comble jamais vraiment. Démarré très lentement, le scénario se rattrappe sur la fin, mais aura demandé une forte dose de patience avnt que nous puissions appréhender pleinement l’univers proposé. Cette mystérieuse histoire de Québec apocalyptique aurait sans doute mérité un peu plus de passion pour animer ses personnages trop policés (que l’on imagine difficilement plongés dans un conflit d’une telle ampleur), et aurait sans doute gagné avec un rythme plus soutenu. Et on aurait apprécié quelques points de repère supplémentaires pour nous faire partager cette histoire dénuée de réalité et de réalisme. Ici, qui nous perd au bout de dix minutes sans jamais rien faire pour nous rattraper.

Au final, Les 4 soldats, essai cinématographique non totalement abouti, délivre très peu d’émotions et paraîtra long et sans rythme aux yeux de certains. Robert Morin voulait essayer un registre différent de celui qu’il pratique habituellement. Il tente ici de nous faire partager cet univers flou, qui est selon lui « contemplatif, beau, triste aussi, mélancolique ». Si la tentative est louable, le résultat est hélas plus déroutant qu’emballant.

Les 4 soldats – Québec, 2013, 1h23 – quatre jeunes soldtas s’isolent du groupe de combattants et coulent des jours paisibles en toute simplicité jusqu’au départ pour le combat – Avec: Antoine Bertrand, Camille Mongeau, Christian de la Cortina, Aliocha Schneider – Scénario et Réalisation: Robert Morin – Production: Coop Vidéo de Montréal – Distribution: Métropole Distribution

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