[CRITIQUE] Les Barbares de La Malbaie: pas de répit pour l’idole

Ce deuxième long métrage de Vincent Biron oscille entre drame intimiste et film de hockey.

Philippe-Audrey Larrue-St-Jacques, Justin Leyrolles-Bouchard dans "Les Barbares de La Malbaie" de Vincent Biron (image extraite du film)
Philippe-Audrey Larrue-St-Jacques, Justin Leyrolles-Bouchard dans « Les Barbares de La Malbaie » de Vincent Biron (source Entract Films)

Après Prank, agréable surprise de l’année 2016, les scénaristes Alexandre Auger, Éric K. Boulianne, Marc-Antoine Rioux et le réalisateur Vincent Biron font de nouveau équipe pour Les Barbares de La Malbaie, chronique douce-amère à mi-chemin entre drame intimiste et film de hockey. Plus policé, moins spontané, ce deuxième effort collectif repose sur une intrigue respectant adroitement les codes du récit initiatique, un genre décidément très prisé des auteurs québécois ces temps-ci. La structure dramatique n’est certes pas très novatrice, mais l’ancrage dans le milieu du sport, amateur qui plus est, parvient à lui donner une couleur inusitée, suffisamment pour embarquer sans trop de mal – durant la première heure du moins – dans le sillage de ce petit gars sans histoires s’accrochant à l’image irréprochable de son cousin, seule figure marquante de sa famille.

Dépeint de manière vériste, l’ordinaire de JP n’est pas des plus reluisants. Son père n’étant plus là, le nouveau chum de sa mère n’offrant qu’une représentation négative ou peu valorisante, le jeune homme se tourne vers ce « batailleur nonchalant » pour trouver le modèle de réussite dont il a tant besoin. Son « road trip » improvisé est balisé des nécessaires découvertes et remises en cause et lui permettra de se construire par ses propres moyens. Un parcours très classique en somme, mais dont la crédibilité et la justesse de ton s’avèrent des plus probantes. En outre, la performance délicate et tout en nuances de Justin Leyrolles-Bouchard (le Félix Leclerc de Pieds nus dans l’aube) et celle, plus détachée, de Philippe-Audrey Larrue-St-Jacques, sont toutes deux convaincantes.

Avez ses rares scènes filmées sur la glace, Les Barbares… n’est pas un film de hockey. À l’instar de ce que l’on avait ressenti il y a trois ans derrière les jokes de pet d’Étienne Galloy et de sa bande de joyeux drilles, le film possède une tonalité maussade, l’éloignant de l’habituelle naïveté des aventures mettant en relation les ados et notre sport national. D’ailleurs, les scénaristes ne s’aventurent pas à brosser le traditionnel portrait de « looser Â» sympathique, avec rédemption à la clé. Leur Yves est un beau salaud, misogyne et lâche, et le restera jusqu’au dénouement, duquel il est résolument absent.

Cela dit, avec ses 115 minutes, le récit s’étire et peine à captiver de bout en bout. Au fur et à mesure que JP découvre la réelle personnalité de son antihéros, un sous-texte social voit le jour, laissant affleurer l’abandon de la jeunesse face à la raréfaction de repères adultes dignes de ce nom. La morosité ambiante se retrouve aussi dans les images aux tons grisâtres, des décors sans glamour et des éclairages assombris. En dépit de quelques blagues – pas toujours très relevées – et d’une trame sonore anachronique, le film manque un peu de fantaisie et se perd dans des développements longuets, sans grand attrait. L’ajout du personnage quasi muet de Maureen est l’une des causes du problème. En raison de la difficulté de communication avec ses compagnons d’échappée (anglo, franco… les sempiternelles solitudes canadiennes), ses apparitions ne permettent pas de créer de rebondissements valables ni de faire naître une quelconque montée dramatique. Résultat: plus le film avance, plus l’intérêt s’émousse, jusqu’à une finale ouverte mi-figue mi-raisin, venant mettre un terme à ce périple d’apprentissage parfois emballant, mais somme toute assez frustrant.

Les Barbares de La Malbaie – Québec, 2019, 1h55 – Deux cousins embarquent dans un périple allant de La Malbaie à Thunder Bay pour assister au championnat canadien de hockey amateur. Au cours du voyage, le plus jeune des deux perd ses illusions sur celui qu’il croyait être irréprochable – Avec: Philippe-Audrey Larrue-St-Jacques, Justin Leyrolles-Bouchard, Erin Carter – Réalisation: Vincent Biron – Production: Art et essai – Distribution: Entract Films

Ma note: 

Les notes :

★★★★★ Excellent
★★★★ Très bon
★★★ Bon
★★ Moyen
Mauvais

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