
Frédérique Paré dans Catimini de Nathalie Saint-Pierre (2012, Axia Films)
Catimini présente le drame vécu au quotidien par quatre jeunes filles âgées de 6 à 18 ans et met en scène de manière exponentielle leur lente déchéance, finissant dans la rue ou sous l’emprise des drogues.
En dépit de son pessimisme, il y a de fortes probabilités que ce récit emporte l’assentiment des spectateurs et que ces visages désespérés fassent remonter en nous un besoin irrépressible de souffrance et d’empathie. Comment en effet ne pas être ému aux larmes devant une telle dose de désespoir s’abattant sans qu’on n’y puisse rien sur de jeunes êtres fragiles et sans repères.
Toutefois, si le sujet est inattaquable, le film présente quelques faiblesses qui dérangent. À commencer par une charge à boulet rouge peu nuancée à l’endroit des institutions d’accueil. On est proche du brulot à l’encontre de ces structures non adaptées voire même carrément inhumaines et qui, au final, ne servent qu’à briser les rêves et effacer l’innocence (Cathy), mater la rébellion (Mégane) et le courage (Kayla) et dont les méthodes ne mènent qu’au désespoir (Manu).
Les portraits de ces fillettes, figures multiples d’un même personnage, souffrent d’un traitement inégal. Cependant, on salue la finesse de la caméra de Nathalie Moliavko-Visotzky, placée à hauteur de fillette, qui sait se faire sobre et discrète dans les moments les moins fictionnels du récit. À ce titre, le premier segment est remarquable de justesse. Proche du documentaire, cette section nous montre Cathy, 6 ans, placée dans une  » grande maison rouge  » où l’apparente douceur de vivre s’efface au profit d’un milieu dur et froid, mené à la baguette par une maîtresse de maison sans plus d’empathie qu’il n’en faut (Isabelle Vincent, implacable).
Par la suite, la mise en scène visuelle et sonore est plus travaillée et perd de sa force lorsque vient le temps de montrer l’enferment des jeunes filles dans ce que l’on pourrait assimiler à de véritables centres d’incarcération. Souffrant de quelques raccourcis (le portrait de Manu est le plus faible du film), le réquisitoire contre la Direction de la Protection de la Jeunesse se transforme peu à peu en brûlot manquant de nuances. Catimini atterrit sur une scène finale, trop longue, excessive et peu justifiée, jure avec la sobriété et la distanciation qui était de mise jusqu’alors. Ces vingt dernières minutes nuisent grandement à la force de l’ensemble.
Catimini – Québec, 2012, 1h51 – Portait de quatre jeunes filles placées sous la garde de la DPJ et dont les destins semblent inéluctablement voués à l’échec – Avec: Isabelle Vincent, Roger La Rue, Émilie Bierre, Joyce-Tamara Hall, Rosine Chouinard-Chauveau, Frédérique Paré – Production, Scénario et Réalisation: Nathalie Saint-Pierre – Distribution: Axia
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