[Critique] Early Winter : dérive un peu trop appuyée

Fable sur l’enfermement et le mensonge portant les atours d’un cinéma d’auteur parfaitement maîtrisé, Early Winter s’avère une Å“uvre juste et aboutie mais peine à nous faire oublier le viscéral du premier film de Rowe, Année bissextile.

Early Winter : Paul Doucet et Suzanne Clément dans le salon (photo: Laurent Guérin)

Early Winter : Paul Doucet et Suzanne Clément dans le salon (photo: Laurent Guérin)

S’il n’a pas la force brutale d’Année Bissextile (Ano Bisiesto, 2010), un premier film charriant avec lui tout le désespoir de l’exclusion, Early Winter (Premières neiges en version française), troisième long métrage de Michael Rowe n’en est pourtant pas si éloigné. Car àl’instar de son premier film, c’est bien d’enfermement dont il s’agit dans cette histoire de couple à la dérive, perdu entre Montréal et la Russie, entre la déchirure et le renouveau.

Lui-même ballotté entre diverses cultures, Rowe élabore des personnages complexes issus d’univers opposés. Son étude de caractères s’arrête sur des détails du quotidien et sur des confrontations mettant en relief de profondes différences, larvées depuis des années qui finissent subitement par éclater. La tension, élaborée en mode crescendo, amène subtilement le spectateur vers les soupçons d’infidélité, mais, une fois installé, le drame sonne faux. Trop lourdement démontrés, les mensonges de Maya perdent de leur crédibilité (notamment les textos reçus en pleine nuit), tandis que la métaphore hivernale se fait un peu trop évidente.

Cependant, soulignons la performance de Suzanne Clément et Paul Doucet, à l’aise dans un registre peu habituel et dans une langue qui n’est pas la leur. Sur la forme, on notera les cadrages en plans-séquences très étudiés de Nicolas Cannicioni et la trame sonore, presque exclusivement diégétique, qui se démarque par son originalité. Les éclairages pâles de la maison familiale évoquent la froideur de l’ambiance qui règne au sein du couple, tandis que les couleurs plus chaudes des salles de l’hôpital évoquent un lieu de dialogue et de compassion. Procurant à l’ensemble une impression de travail parfaitement maîtrisé, ces jeux d’ombres et de lumières laissent cependant transparaître un certain manque de personnalité. Primé à Venise à l’automne dernier, Early Winter ne laisse pas transpirer toute la ferveur d’Année bissextile mais s’avère cependant une œuvre juste et aboutie.

Early Winter (Premières neiges) – Québec-Australie, 2015, 1h36 – David et Maya forment un couple dans la quarantaine qui a du mal à survivre à la routine et la monotonie de leur vie. Alors que le rude hiver québécois approche, des soupçons d’infidélité laissent soudain planer l’ombre du chaos sur la maisonnée – Avec: Suzanne Clément, Paul Doucet – Scénario: et Réalisation: Michael Rowe – Production: Serge Noel, Trish Lake – Distribution: Filmoption International

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