[Critique] La garde : drame automnal

Par rapport à ses précédentes réalisations, Sylvain Archambault signe avec La garde un projet plus personnel. Hélas, ce drame d’un père et de son fils perdus au fonds des bois ne fonctionne qu’à moitié.

Présenté par son réalisateur comme « un témoin objectif d’une tranche de vie d’un homme souffrant », La garde s’inscrit parfaitement dans la cinématographie et la mémoire collective québécoise. Cellule familiale brisée, jeune au bord de la délinquance, partie de chasse et père à la dérive sont autant de thématiques abordées ici et qui ont déjà été mises de l’avant par de nombreux films québécois des 30 dernières années.

Paul Doucet et Antoine L'Écuyer dans le film La garde

Paul Doucet et Antoine L’Écuyer dans le film La garde (©Cité Amérique)

Le drame de Sylvain Archambault a cependant bien du mal à sortir du lot. D’abord parce qu’il ne creuse que très peu profond pour pouvoir trouver l’essence d’un sujet qui semblait pourtant prometteur. Sans doute en raison du parti pris de neutralité affiché par les auteurs, le film ne parvient pas entièrement à rendre compte d’un problème de société important. On se contera donc des premières vingt minutes, durant lesquelles le personnage du père (Paul Doucet) est installé en quelques tableaux précis et justes dans une réalité douloureuse dans laquelle il doit vivre encore de nombreuses années.

Une mise en contexte aux couleurs de ville mouillée qui s’avère convaincante, mais qui est vite enterrée par un récit dramatique improbable et restant à la surface des choses. Car la virée dans les bois qui s’en suit fait la part belle au système D et aux dangers de la forêt, des aspects très éloignés du sujets et qui prennent bien trop de place. L’étude psychologique d’un probable rapport de force s’établissant entre les deux personnages s’en trouve ainsi amoindrie et la virée tragique, toute initiatique soit-elle, ne se résume plus qu’à quelques passages émotifs insérés dans une suite d’exploits physiques d’un Antoine L’Écuyer transformé en jeune sauveur portant sa croix.

Si la réalisation est adéquate et peut s’appuyer sur des aspects techniques maîtrisés, l’interprétation forcée ne parvient pas à nous faire entrer dans la peau des personnages. Au final, La garde, projet intimiste signé du réalisateur de Piché entre ciel et terre ou des Pour toujours les Canadiens a bien du mal à convaincre malgré son évidente bonne volonté initiale.

La garde – drame – Québec, 2014, 1h29 – Un homme refusant la décision de justice le privant de droit de visite de son fils, kidnappe ce dernier pour lui faire partager une virée de chasse dans les bois. Mais leur escapade tourne au drame… – Avec: Paul Doucet, Antoine L’Écuyer – Scénario Ian Lauzon, Daniel Diaz, Ludovic Huot – Réalisation: Sylvain Archambault – Production: Lorraine Richard, Luc Martineau – Distribution: Films Christal

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