À l’instar de La légende de Sarila et Le coq de St-Victor, la compagnie d’animation de Québec Productions 10e Avenue a le don de sortir les spectateurs des sentiers battus, en les transportant dans des univers originaux et inédits. Après le Grand Nord et le Québec rural des années 20, c’est cette fois sur les pentes himalayennes qu’ils nous emmènent, grâce à un récit s’appuyant sur la populaire croyance entourant la possible existence de l’abominable homme des neiges. En dehors de sa finale, Nelly et Simon : mission Yéti reprend une trame connue, qui rappelle à certains égards l’expédition ayant mené à la découverte du célèbre King Kong. Mais ici le contexte est bien différent. Se déroulant à peine quelques années après la première ascension du Chomolungma (Everest) par Edmund Hillary et son sherpa Tenzig Norgay, l’intrigue est agrémentée de références contemporaines, autant par le féminisme ouvertement affiché que par un (très modeste) discours sur la nécessité de protéger les richesses naturelles.
Le combat du bien et du mal est aussi présent et se résout évidemment du bon côté, et très vite. On retrouve également de nombreux rebondissements, accidents ou embûches qui jalonnent le parcours avec plus ou moins de réalisme, les dommages causés étant très rapidement évacués. Taillé pour un public très jeune, le récit se révèle très prévisible et très léger qui n’exploite que très minimalement le folklore des contes et légendes entourant cette bête mi-homme mi-singe.
Sylvie Moreau apporte une forte personnalité à la détective Nelly Maloye, une femme courageuse et déterminée, prête à tout pour aller au bout de son projet. À elle seule, elle insuffle énergie et dynamisme à l’aventure; ses intonations ferventes dominant d’ailleurs assez nettement une distribution masculine plutôt effacée. Si l’on reconnaît dans l’animation des compromis dus au budget restreint (les déplacements cartographiés par exemple), la direction artistique s’avère fort réussie, donnant au Québec des années 50 et aux paysages népalais une allure « vintage » agréable à l’oeil. On reste cependant plus circonspects sur l’emploi de la 3D, qui ne livre son plein potentiel qu’en de rares occasions, entre autres pour donner vie aux envolées d’un ratoureux mainate dont la présence est sous-exploitée.
Note : 2,5 / 5